Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

De l'autre côté de la porte (Tobira no Muko)


de Laurence Thrush



CINÉMA D'HIER ET AUJOURD'HUI • AVRIL 2015

Japon, 2009, 1h50, VOSTF • avec Kenta Negishi, Kento Oguri
NUM • SORTIE NATIONALE

De l'autre côté de la porte (Tobira no Muko)
Hiroshi vit dans une banlieue de Tokyo avec ses parents et son jeune frère. Un soir, à son retour de l’école, où il est en difficulté, il s’enferme dans sa chambre et, pendant deux ans, refusera d’en sortir et d’y laisser entrer qui que ce soit. Sa famille, accablée par la honte, tente de cacher la situation à ses amis et ses proches. Le regard du cinéaste anglais Laurence Thrush sur le phénomène japonais des "hikikomori", qui se mettent à l’écart de toute vie sociale en se cloîtrant dans leur espace domestique, construit un film sensible et distancié.


"La force de Laurence Thrush tient à sa volonté délibérée de dérober à notre regard la souffrance psychique de ce garçon ordinaire dès le moment où il ne quittera plus sa chambre. Comme sa mère, son père et son frère cadet, le spectateur se trouve de l’autre côté de la porte et ne verra pratiquement plus Hiroshi, si ce n’est la découpe de son ombre lorsqu’il descend furtivement la nuit dans la cuisine pour piller le frigidaire. L’importance du hors-champ procède de toute évidence ici d’un refus de tout ethnocentrisme, même si les hikikomori ont essaimé depuis longtemps en Occident. Peu enclin à « expliquer les raisons ou les causes de l’enfermement volontaire », le réalisateur préfère "montrer comment les actes d’un membre de la famille rejaillissent sur les autres". En faisant ce choix, Thrush se donne également les moyens de tourner un film d’horreur, dans lequel un monstre mutique élit domicile dans une banlieue pavillonnaire, jusqu’à l’arrivée d’un exorciste. (...) Il faut saluer ici les comédiens, presque tous des non-professionnels, qui interprètent ces personnages avec une justesse lavée de tout pathos, à l’unisson d’un noir et blanc à la sobriété étudiée mais sans affèterie. L’usage parcimonieux de la musique – une électronique discrète et poignante signée par Pan American –, est l’unique effet de style que s’autorise ce film travaillé par une exigence constante de réalisme, mais que seule la fiction pouvait rendre possible."
Damien Bonnelli, Critikat

"De l’autre côté de la porte clignote de symboles. Il y a toujours dans le champ une chaîne ou des barreaux pour extérioriser l’enfermement intérieur du jeune homme, dont l’errance introductive en ville est noyée sous les bruits d’ambiance. La vie banale est sensitivement si violente que le film nous montre qu’il est logique que des particules soient éjectées du mouvement, ne serait-ce que pour créer une moyenne. La musique, toute de plops et de faux rythmes, est à l’avenant. Si l’individu n’est déjà rien dans cet abondant brouhaha, autant disparaître. Ce que fait Hiroshi, physiquement (ombres, flous) puis socialement (grognements, notes).
Le film, tourné en 2008, a eu une belle carrière dans les festivals internationaux. Sept ans après, il atteint enfin les écrans : son ouverture de porte à lui. Le réalisateur dit s’être inspiré d’un documentaire vu à la télé japonaise. Pour être proche de la réalité, il a choisi des acteurs non professionnels. Et, pour signifier la fiction, il a tourné en noir et blanc cette lente traversée des circuits cérébraux grillés d’Hiroshi."

Guillaume Tion, Libération

Séances


Mercredi 8/04 17:45
Mardi 14/04 20:45
Jeudi 16/04 18:15
Samedi 18/04 20:00
Dimanche 19/04 18:30



> De l'Autre côté de la porte est aussi programmé au Cinéma le Concorde (du 1er au 14 avril 2015)