Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

La Chasse (La Caza)


de Carlos Saura



CINÉMA D'HIER ET AUJOURD'HUI • JANVIER-FÉVRIER 2015

Espagne, 1966, 1h31, VOSTF
avec Ismael Merlo, José María Prada, Alfredo Mayo
NUM • VERSION RESTAURÉE

La Chasse (La Caza)
Trois amis, José, Paco, Luis, se retrouvent dans la propriété de José pour chasser le lapin. Enrique, jeune homme d’une vingtaine d’années, les accompagne pour sa première partie de chasse. Juan, un vieux fermier estropié, et sa fille Carmen, gardent le domaine et servent Don José. Chacun vit une période difficile de sa vie et dévoile l’étendue de ses frustrations. La journée va se dérouler sous une chaleur torride où les passions et les rancoeurs vont se dévoiler et aboutir à une explosion de violence.

"De Carlos Saura, on connaît en France surtout l’après
Cría Cuervos (1975), superbe film sur les fantômes du passé devenu le symbole de l’agonie du régime franquiste. Pourtant, comme nous le rappelions lors de la reprise en salles de Mort d’un cycliste, réalisé par Juan Antonio Bardem en 1955, le cinéma espagnol n’a pas attendu les derniers jours de la dictature pour se démarquer du pouvoir. Carlos Saura lui-même a entrepris bien avant la mort de Franco de remettre en perspective les graves dérives d’un système politique verrouillé pendant quatre décennies grâce à ses nombreux complices (parmi lesquels une certaine frange de la bourgeoisie catholique), ce qui lui valut de nombreux démêlés avec la censure locale. Avec La Chasse (à ne pas confondre, bien évidemment, avec les films de William Friedkin et Thomas Vinterberg), le réalisateur choisit un dispositif minimaliste mais au symbolisme très efficace : José, Paco et Luis, trois amis qui ont autrefois combattu dans le camp des nationalistes, se retrouvent pour une partie de chasse au lapin dans une garrigue noyée par le soleil et le silence.(...) Le cadre et le contexte que choisit Saura pour célébrer les retrouvailles de ces trois anciens amis n’est évidemment pas choisi au hasard. L’aridité de cet espace écrasé par le soleil est une belle métaphore de ce qu’est l’Espagne à ce moment-là : un pays à l’agonie qui n’offre plus le moindre oxygène. La mise en scène renforce d’ailleurs le sentiment de claustrophobie alors que le tournage s’effectue en extérieur. Les plans larges sont rares, les contreplongées excluent régulièrement les lignes d’horizon, les visages suintants remplissent le cadre jusqu’à l’asphyxie. Pour couronner le tout, ces chasseurs du dimanche traquent des lapins terrorisés et ravagés pour la plupart d’entre eux par la myxomatose. La fatalité de la double-peine parcourt le film de bout en bout, ne laissant aucun espoir, aucune échappée pour ces complices d’un régime meurtrier qui pourrit de l’intérieur. La symbolique pourrait sembler lourde tant les parallèles avec la situation espagnole sont évidents et trop explicités mais, bien heureusement, Carlos Saura ne se limite pas à ce petit théâtre de la noirceur humaine pour dénoncer la dictature franquiste."
Clément Graminiès, Critikat

Séances

Samedi 7/02 21:00
Lundi 9/02 18:30
Mercredi 11/02 20:30*
Jeudi 19/02 18:30
Jeudi 26/02 18:30

• mercredi 11 février • 20:30 • séance présentée par Pilar Martinez Vasseur, enseignant chercheur, spécialiste en Histoire et Civilisation de l'Espagne contemporaine à l'Université de Nantes, et co-directrice du Festival du cinéma espagnol de Nantes.