Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Montparnasse 19


de Jacques Becker



INTÉGRALE JACQUES BECKER • OCTOBRE 2012

France-Italie, 1958, 1h49
avec Gérard Philipe, Anouk Aimée, Gérard Séty, Lino Ventura, Judith Magre, Jacques Marin

Montparnasse 19
Au lendemain de la Grande Guerre, dans un Montparnasse tumultueux et ingrat, Amedeo Modigliani, est peintre et brûle sa vie dans l’alcool et l’amour. Il rencontre Jeanne. Issue d’un milieu aisé et catholique, la jeune femme quitte sa famille et devient sa compagne, généreuse et attentive. Malgré l’amour de Jeanne et l’amitié de son voisin Zborowski, les échecs s’accumulent, l’alcool et la maladie rattrapent le peintre...


"Montparnasse 19 est un film sur les dernières années de Modigliani, non un film sur la peinture mais sur l’amour : l’amour de la peinture et de la création, l’amour de la femme, l’amour de la boisson. C’est Max Ophuls qui le commence mais il décède en pleine préparation. Avant de mourir, il avait demandé à son producteur que le film soit terminé par Jacques Becker : avec Rossellini, Tati, Cocteau et quelques autres, Becker avait défendu Lola Montès (Max Ophuls, 1955), échec public et critique. Becker accepte donc par fidélité à ce cinéaste qu’il admire. Montparnasse 19 va être l’illustration des deux tendances qui s’opposent à cette époque : Henri Jeanson, le scénariste, et Jacques Becker vont s’affronter violemment (jusqu’au dépôt d’une plainte). Becker reproche à Jeanson des dialogues trop littéraires et une vision du cinéma où priment le sujet et le scénario. Becker – et l’on comprend pourquoi la Nouvelle Vague s’est emparée de lui – défend la primauté de la mise en scène et revendique une place de créateur. Becker fait peu de recherches sur l’époque et la vie du peintre, il ne s’attache pas à la vérité historique. Son but n’est pas de faire une biographie fidèle et pédagogique. Il s’intéresse à l’artiste, à l’homme face à la création, pas à son œuvre. Il dira d’ailleurs que si on l’avait laissé faire, le nom de Modigliani n’aurait pas été prononcé, et qu’aucun de ses tableaux n’aurait été montré. Contrairement à son habitude, Becker n’est pas particulièrement fidèle au Montparnasse des années vingt. Par contre, il fait très attention aux menus détails : le paquet de gris, la boîte d’allumettes à languette, les appliques Picon… À sa sortie, le film est relativement incompris, par le public comme par la critique, mais il sera défendu par certains, comme Godard : "À chaque vingt-quatrième de seconde, gros plans, raccords dans l’axe, mouvements de grues, travellings optiques, panoramiques filés posent cette question : qu’est-ce que le cinéma ? Et au lieu d’y répondre, chaque plan pose de nouveau la même et lancinante question : qu’est-ce que le cinéma ? Je donnerais tout le cinéma français d’après-guerre contre le seul plan, mal joué, mal cadré, mais sublime, où Modi demande cinq francs de ses dessins à la terrasse de la Coupole." Un film sensible et bouleversant sur la relation passionnée mais impossible entre un artiste et sa compagne, sur l’acte créateur en ce qu’il devient autodestructeur.
Institut Lumière

Séances

Jeudi 18 octobre 2012 à 20:30
Lundi 22 octobre 2012 à 18:00


• Jeudi 18 octobre • 20:30 • séance suivie d'une leçon de cinéma par Camille Beaujeault, doctorante en Histoire du Cinéma