CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Buongiorno, notte


de Marco Bellocchio



ITALIE : CINÉMA POLITIQUE ET SOCIAL • MAI 2012

Italie, 2003, 1h45, VOSTF
avec Maya Sansa, Luigi Lo Cascio, Piergiorgio Bellocchio juniori

En mars 1978, Chiara, jeune terroriste, est directement impliquée avec deux compagnons, dans l’enlèvement et la séquestration d’Aldo Moro, président de la Démocratie chrétienne et artisan du compromis historique entre la droite et le Parti communiste.
Buongiorno, notte ne fait pas que retracer les circonstances de cet épisode écrasant des années de plomb italiennes, il livre, sans démontrer ni juger, un tableau clinique de la violence puritaine, mystique et désespérée des brigadistes rouges, de leur soif de "justice" et une réflexion sur l’engagement, les liens entre l’idéologie et l’inconscient, les aliénations sociale et mentale.
Bellochio, lui-même passé par l’ultragauche, restitue de l’activisme des groupes radicalisés non leurs seuls effets - attentats, séquestrations, assassinats - mais la complexité de leur cause et ce qu’il considère comme une dimension névrotique de leur genèse.
Il envisage le huis clos de l’appartement romain autant en termes psychiques et émotionnels que politiques. Il montre Chiara qui se débat avec elle-même et qui finit par se dresser contre la condamnation à mort de Moro. Et c’est tout le courage de Bellochio de révéler l’humanité et la lucidité visionnaire du leader politique. Il sait que sa mort arrange tout le monde et que c’est la classe politique italienne dans son entier et le Vatican qui sont complices. Il sera retrouvé assassiné dans une voiture, le 9 mai à Rome.


"Buongiorno, notte ravive une plaie que le peuple italien n’est jamais parvenu à cautériser : l’enlèvement puis l’exécution en 1978 par les Brigades Rouges du leader démocrate-chrétien Aldo Moro. Austère mais également terriblement vibratile, le film a magnétisé une audience coite. Intégralement filmé du point de vue indécis du seul membre féminin des terroristes, Buongiorno, notte affiche avec constance une irréprochable tenue, exempte, dans les fondements de sa critique d’une révolution vouée à l’échec, de tout manichéisme a posteriori."
Bertrand Loutte, Les Inrockuptibles (à l'occasion de la 60è Mostra de Venise en 2003)

Séances

Jeudi 17 mai 2012 à 19:00
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