CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Ceci n'est pas un film (In film Nist)


de Jafar Panahi et Mojtaba Mirtahmasb



ENFERMEMENT • JANVIER 2013

Iran 2011, 1h17, VOSTF, documentaire

Depuis des mois, Jafar Panahi attend le verdict de la cour d’appel. A travers la représentation d’une journée dans la vie de Jafar Panahi, Jafar et un autre cinéaste iranien, Mojtaba Mirtahmasb, nous proposent un aperçu de la situation actuelle du cinéma iranien.

"Ça fait quelques années et depuis deux ans notamment, que les cinéastes iraniens rencontrent d’importantes difficultés dans la réalisation de leurs fillms et dans l’exercice de leur profession en général. Cela m’a donné l’idée de faire un film sur un non-film, sur un non-tournage. Ce film est un témoignage de ce que l’on peut faire avec le cinéma dans un pays où l’on empêche de faire du cinéma. Nos difficultés se transforment en richesses, en matière à faire des films. On peut résoudre les problèmes faits au cinéma par le cinéma.
Je voulais au départ faire un documentaire sur tous les réalisateurs iraniens qui sont frappés par l’interdiction d’exercer leur métier. Je voulais passer un jour avec chacun d’entre eux pour expliquer concrètement l’impact que cela avait dans leur vie professionnelle. A travers le cas de Jafar Panahi se cristallisait tous les problèmes que nous avions vécus ces dernières années. Tout ce qui lui arrive est emblématique de notre situation."

Mojtaba Mirtahmasb

"Six ans de prison, vingt ans d'interdiction d'exercer le métier de réalisateur et de quitter le territoire. La sentence est tombée en décembre 2010 : la République islamique d'Iran prononçait la mort artistique de Jafar Panahi (Le Ballon blanc, Le Cercle). De cette condamnation à l'impuissance, le cinéaste a fait un film (1) , réalisé avec l'aide d'un ami, le documentariste Mojtaba Mirtahmasb - lui-même empêché de quitter Téhéran au début du mois alors qu'il s'apprêtait à venir en Europe. Ceci n'est pas un film nous fait partager son isolement le temps d'une journée.
Dans son appartement de Téhéran, Panahi attend des nouvelles de son sort (sa condamnation sera-t-elle confir­mée en appel ?), se prépare un énième thé et tente de se connecter aux rares sites Internet tolérés par le régime. Il erre de la cuisine au salon, du téléphone à l'ordinateur. Escaladant le canapé puis la bibliothèque, l'iguane de sa fille tourne en rond lui aussi, métaphore d'un temps stagnant.
Au-dehors, des rafales éclatent : coups de feu, pétards ? Panahi ne réagit pas, trop occupé par sa nouvelle idée : mettre en scène, devant la caméra de son ami Mojtaba, le scénario d'un nouveau film. Le voilà soudain redevenu créateur. Quand le doute l'assaille, son complice lui rappelle l'essentiel : "Continuons ! L'important, c'est que les caméras restent allumées." Le geste de tourner devient à lui seul un acte de résistance.
Pas de doute : ceci est bel et bien un film. Avec de purs moments de cinéma. Dehors, la fête du feu bat son plein. Téhéran s'embrase et s'illumine. Caméra au poing, Panahi doit s'arrêter au seuil de la grille de son immeuble : quelqu'un pourrait le voir filmer. Le régime des mollahs est prévenu : dédié à tous les cinéastes iraniens, ce film prouve que si la contrainte formelle donne des ailes aux artistes, la censure politique peut les rendre géniaux."
(1) Projeté lors du dernier festival de Cannes, le film avait passé la frontière iranienne dissimulé dans une clé USB."

Mathilde Blottière, Télérama

Séances

Mardi 22 janvier 2013 à 18:30
Vendredi 25 janvier 2013 à 18:30
Dimanche 27 janvier 2013 à 19:00



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