CONTRECHAMP

Dans un jardin je suis entré


de Avi Mograbi



CONTRECHAMP • NOVEMBRE 2014

France-Israël-Suisse, 2012, 1h37, VOSTF, documentaire

Tout commence par le rêve d’une impossible rencontre entre Avi Mograbi et son grand-père, Imbrahim, devant leur maison de Damas, en 1920. Quelle langue parlaient-ils ? L’arabe d’Avi est rudimentaire, et son grand-père n’a pas encore appris l’hébreu. Dans ce rêve, le grandpère d’Avi l’informe que sa famille a décidé de quitter la Syrie pour la Palestine, Damas pour Tel-Aviv. Dans ce rêve, Avi décide de rester. "Vous partez pour la Palestine", dit-il à son grandpère, "je resterai et garderai la maison". Pour déplacer le rêve dans le réel, Avi se tourne vers son professeur d’arabe, Ali Al-Azhari, et lui propose une association : faire un film ensemble, d’un bout à l’autre, ajoute Ali. Ali est un palestinien de Saffuriyya, un village près de Nazareth, c’est un réfugié dans sa propre patrie depuis 1948. Il a passé la majeure partie de sa vie d’adulte à Tel-Aviv, marié à une femme juive, avec laquelle il a une fille, Yasmine. La façon dont Ali a conduit sa vie privée est un défi politique lancé à l’un des fondements de la société israélienne, mais aussi palestinienne : celui de la séparation.


"Je veux faire quelque chose avec le conflit, ce fardeau que je traîne avec moi." "Ainsi s'exprime Ali Al-Azhari devant la caméra de son vieil ami Avi Mograbi. Celui qui parle, Palestinien d'Israël, est obsédé par le retour des réfugiés. Celui qui filme, Juif israélien, est empêtré dans un amour impossible avec une Libanaise. De cette imbrication complexe, le cinéaste-acteur tire un documentaire foisonnant, où le fantôme d'un Moyen-Orient sans frontières, multi-ethnique et pluriconfessionnel côtoie la jeunesse révoltée des printemps arabes. Les deux hom­mes manipulent des photos sépia, un vieil annuaire du Tel-Aviv des années 1930, une page de calendrier d'une vie antérieure. Avant la création d'Israël et la nakba, c'est-à-dire la « catastrophe », l'exil de milliers de Palestiniens lors de la guerre de 1948. L'Arabe et le Juif recomposent leurs histoires de famille, refont mentalement le voyage entre Liban, Syrie, Israël et Palestine. Au fil de leurs va-et-vient entre inté­rieurs (l'appartement d'Ali) et extérieurs (sur les traces de sa maison natale, dans les rues de Tel-Aviv ou face à la mer) se noue un dialogue passionnant."
Mathilde Blottière, Télérama

Séance unique

Lundi 24/11 20:30