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ELECTRA GLIDE IN BLUE


de James William Guercio



PROGRAMMATION JUIN 2011

USA, 1973, 1h54, VOSTF
avec Robert Blake, Billy Green Bush, Mitch Ryan
RÉÉDITION

John Wintergreen est motard dans la police de l’Arizona. Longtemps handicapé par sa petite taille, il parvient enfin à force de ténacité à réaliser son rêve : promu détective, il est chargé d’enquêter sur un meurtre. Mais très vite, il réalise qu’il doit remettre en question ses idéaux et ses valeurs afin de pouvoir résoudre cette affaire. Contrepoint parfait d’Easy Rider, Electra Glide in Blue mêle habilement thriller, western et road-movie.

« Parmi les «road-movies» plus ou moins directement engendrés par le succès d’Easy Rider (Macadam à deux voies, Point limite zéro), il y en a un qui peut être vu comme le contrepoint exact du film surestimé de Dennis Hopper. Electra Glide In Blue (nom des grosses cylindrées pilotées par les motards de la police) a en effet pour héros un flic intègre, idéaliste jusqu’à la naïveté, arpentant les routes de l’Arizona sur sa moto. Il est interprété par l’étrange Robert Blake, qui hantera 25 ans plus tard le Lost Highway de David Lynch, et dont la petite taille est le sujet de plusieurs gags visuels dans le film. Une enquête de routine sur un suicide douteux lui fera prendre conscience de la corruption générale qui règne dans la police. Aux héros trafiquants de drogue succède un policier qui connaîtra un mort symétrique à ceux d’Easy Rider, fusillé sur la route par des hippies.
Electra Glide In Blue est l’unique film du producteur de musique James William Guercio, cinéphile qui ne jure que par Ford et La Prisonnière du désert. Lorsqu’on lui donne carte blanche pour mettre en scène un film à petit budget, Guercio en profite pour signer un western moderne, entre respect fétichiste et relecture critique. Contrairement aux autres films pops des années 70 (Zabriskie Point par exemple), Guercio ne souhaite pas dynamiter les mythologies américaines, mais les mettre à l’épreuve des temps modernes et continuer à les magnifier sur le plan cinématographique. Il investit les paysages fordiens et reproduit les cadres et les couleurs de La Prisonnière du désert (avec la complicité de Conrad Hall, un des plus grands chefs opérateurs de sa génération), tandis que les intérieurs acquièrent une autonomie esthétique avec un traitement visuel opposé. Les ruptures de ton se multiplient également au cours du récit, de l’humour à l’ultra violence avec une poursuite sanguinolente presque surréaliste. Guercio est beaucoup plus proche de Michael Cimino que de Dennis Hopper. L’ironie post-moderne et une certaine excentricité n’arrivent pas à masquer la profonde mélancolie et la nostalgie amoureuse du cinéma primitif américain.
C’est pour toutes ces raisons qu’Electra Glide In Blue est un objet atypique, un véritable hapax. Guercio ne tournera plus rien après ce film, accusé de fascisme à sa sortie (parce que le personnage principal est un policier et que les hippies y sont décrits comme des ectoplasmes pas très sympathiques) puis tombé aux oubliettes (malgré une sélection officielle au Festival de Cannes) avant que Vincent Gallo ou les Daft Punk ne le citent comme une influence majeure (voir The Brown Bunny ou les robots de cuir noir errant dans le désert d’Electroma). »
Electra Glide in Blue par Olivier Père, extrait du dossier de presse

Séances

samedi 4 juin à 20h
lundi 6 juin à 21h
vendredi 10 juin à 18h15
dimanche 12 juin à 19h