CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Être là


de Régis Sauder



DANS LES MARGES DU CINÉMA FRANÇAIS • JANVIER 2013

France, 2012, 1h37, documentaire

Elles sont psychiatres, infirmières ou ergothérapeutes à la maison d’arrêt des Baumettes à Marseille et reçoivent des détenus devenus patients le temps du soin. Elles sont là pour aider des hommes en souffrance, fussent-ils incarcérés.

Être là, c’est rejoindre cet espace unique - celui de l’écoute - une poche d’air derrière les murs de la prison. Son existence est conditionnée par la détermination des soignants à continuer de venir pratiquer la psychiatrie ici... à quel prix ?

Sophie travaille là depuis dix ans et questionne aujourd’hui sa place en prison, la possibilité d’y accomplir son métier de psychiatre, véritable acte de résistance. Elle convoque les souvenirs de ces années d’enfermement pour faire un choix : continuer à être là, ou partir ?

"Quand un détenu cogne dans la porte de sa cellule pour guigner de l’aide, une infirmière se précipite dans les couloirs et crie : «Qui appelle ?» C’est la question fondamentale. Fondamentalement sans réponse. Mais voilà pourtant qu’au fin fond d’une prison française des maquisardes essaient d’y répondre. Etre là leur rend un hommage vital, au coude-à-coude."
Gérard Lefort, Libération

"Le cinéaste a fait des contraintes du lieu — l'interdiction de filmer les prisonniers — un atout. Filmés en plans serrés, les visages nus des soignantes reflètent l'attention bienveillante qui fait de ces hommes bannis des patients presque comme les autres. On les regarde écouter ceux qui, hors champ, murmurent, ânonnent ou crient leur mal-être — la souffrance les rend parfois à peine audibles. Il est question de voix dans la nuit, d'un enfant dont on ne supporte plus d'être séparé, de pulsions de meurtre mal contenues... De temps en temps, le rythme tendu des consultations s'interrompt pour laisser la place à l'écrit : l'une des psychiatres lit, face caméra, des textes où elle s'interroge sur sa mission. Travailler là, c'est porter haut une certaine idée du soin, combattre les ténèbres de la folie qui grignote, jour après jour, l'espace compté des prisonniers, mais aussi résister à des conditions épouvantables. Il faut supporter la misère, sociale et affective, contenir la présence vampirisante de la prison. Et vivre avec cette insoluble équation : si je reste, je cautionne le système carcéral ; si je pars, j'abandonne mes patients."
Mathilde Blottière, Télérama

Séances

vendredi 4 janvier 2013 à 18:30
Dimanche 6 janvier 2013 à 21:00






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