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Archives 2001-2011

HAMLET GOES BUSINESS (HAMLET LIIKE MAAILMASSA)


de Aki Kaurismäki



PROGRAMMATION DÉCEMBRE 2008

Finlande, 1987, 1h26, VOSTF
Avec Pirkka-Pekka Petelius, Esko Salminen

Le fils d'un P.D.G. assassiné par sa femme et l'amant de celle-ci décide de venger son père. Adaptation fidèle, mais profondément originale, du texte shakespearien, le film est un exercice de style brillant et imprégné d'humour noir.Une interprétation très personnelle d'Aki Kaurimäki qui transforme la tragédie de Shakespeare en tragi-comédie. Hamlet Goes Business fait partie des « classiques littéraires » de la filmographie de l’auteur. Dans cette adaptation du chef d’oeuvre de Shakespeare, Kaurismäki fustige les valeurs capitalistes de son époque. Il réalise un film prémonitoire de la dramatique faillite industrielle que connaît la Finlande dans les années 90. Tourné sans scénario, ce film est porté par une distribution hétérogène composée de grands acteurs de théâtre, de comédiens amateurs et d’humoristes de café-théâtre. Une oeuvre singulière qui oscille entre polar, série B et comédie pince-sans-rire.

« L'histoire du prince de Danemark, ramenée à notre vingtième siècle dans le milieu des affaires. Milieu sans amour et sans âme. Meurtres en col blanc dans les couloirs vides d'un Elseneur bourgeois. Complètement à l'opposé de Shakeaspeare, donc, bien que les épisodes, annoncés par des têtes de chapitre, suivent presque jusqu'au bout le synopsis de la version originale. Juste un synopsis. Des situations, quelques répliques référentielles, comme le squelette vu en transparence de la tragédie la plus énigmatique de tous les temps. Ici, dans le noir et blanc d'une photo (de Timosalminen) qui isole des visages blafards, efface les détails, transforme les décors en compositions expressionnistes au bord de l'abstraction, ici, règne un climat très lourd d'angoisse et de suspicion. Personne n'est blanc-bleu. Pas même Ophélie (Kati Outinen), petite garce calculatrice au menton fuyant, qui se suicide dans sa baignoire, se penche doucement et tombe, s'anéantit dans l'eau mousseuse jusqu'à n'être plus qu'une chevelure flottante. Gros blond mou, goulu, dépressif, Hamlet (Pirkka-Pekka Petelius) flotte, lui, dans le vide de son existence. Il est devenu ici parricide et manipulateur de médiocres, menés par des ambitions sans folie. Aucun fantôme ne le hante, ni remords. Petit frère beckettien de Lorenzaccio, il se lamente sur l'inutilité de l'action. Il n'y a pas de Fortimbras pour annoncer un monde nouveau. C'est Horatio, appelé Simo (Hannu Valtonen) ami d'enfance d'Hamlet, son chauffeur et espion des syndicats, qui a le dernier mot.Le film se termine sur une chanson infiniment triste qui dit que les jours meilleurs ne sont pas pour demain. Sans la dure beauté des images, sans leur ironie déchirée, il ressemblerait plus à Dallas qu'à Hamlet. La référence est contraignante, parfois irritante pour le spectateur, mais elle lui permet de faire jouer les souvenirs des passions, des démesures shakespeariennes, et à Kaurismäki de resserrer l'intrigue, d'en donner cette version insolente, émouvante. »
Colette Godard, Le Monde

« Un petit bijou d'humour noir aux répliques acerbes et délirantes et à la plastique impeccable. »
Nicolas Thys, ecranlarge.com

SEANCES

Mardi 2 décembre à 20h30
Vendredi 5 décembre à 19h
Samedi 6 décembre à 19h