Archives 2001-2011

L’HOMME DES HAUTES PLAINES (HIGH PLAIN DRIFTER)


de Clint Eastwood



PROGRAMMATION AVRIL 2011

USA, 1973, 1h42, VOSTF
Avec Clint Eastwood, Verna Bloom, Marianna Hill

Un étranger, venu de nulle part, arrive à Lago, étrange ville du Far West bâtie sur les rives d’un lac salé et rongée par la peur et la lâcheté. Quelque temps plus tôt, le shérif fut battu à mort devant la population sans que personne ne lui vienne en aide. L'homme sans nom est chargé par les notables de les protéger des trois bandits responsables du crime, qui ont juré de mettre la ville à feu et à sang. Il accepte à condition de faire régner sa loi sans limites, abusant de ses pleins pouvoirs.

« Dans son deuxième film et son premier western , Eastwood met en scène et interprète un personnage qui ressemble au pistolero mal rasé de la "trilogie des dollars" de Sergio Leone. Eastwood s'amuse à amplifier le cynisme et la violence de cet antihéros vicieux, qui pulvérise des records de machisme et de cynisme. Eastwood pas encore dans sa période maso mais, au contraire, très sado fait preuve d'une méchanceté sardonique : il viole une jeune femme hystérique qui l'accoste dans la rue, tue de sang-froid plusieurs personnes, etc. Ces provocations lui valurent à l'époque l'étiquette de fasciste dont il mettra une décennie à se débarrasser.
Il faut bien sûr voir les excès de Eastwood comme des manifestations incontrôlées de rage libertaire davantage que des relents d'apologie de la violence et de l'ordre. Eastwood se pose plutôt en partisan du chaos et du dérèglement dionysiaque. Il dépeint la petite ville comme un nid de corruption et de bassesse morale et prend un malin plaisir à jouer à l'ange exterminateur et à l'étalon lubrique. Le film se présente ouvertement comme une allégorie, n'affichant aucun souci de réalisme et n'accordant à la saleté des figurants qu'une valeur référentielle au cinéma de Leone. La ville n'est qu'un décor factice, ses habitants des pantins sans autre fonction que d'évoquer les tares de la société américaine.
A l'orée de sa carrière de cinéaste, Eastwood est encore redevable du style de Leone mais aussi du baroquisme de Don Siegel. Dès Josey Wales, hors-la-loi et dans ses westerns plus tardifs, il renoncera à certains effets pour s'acheminer vers le classicisme. Les dissonances et les stridences de L'Homme des hautes plaines disparaîtront de Pale Rider, un film au sujet assez proche. Le justicier sans nom n'est plus seulement un cousin de l'archétype semi-parodique inventé par Leone, c'est une figure spectrale qui semble charrier avec elle la mort d'un genre victime dans les années 70 des relectures révisionnistes ou humoristiques. On a le sentiment qu'Eastwood doit aller jusqu'au bout de la décadence du western pour ensuite renouer avec la beauté élégiaque du genre et signer les ultimes grands titres classiques que seront Josey Wales ou Impitoyable. Dans sa fureur iconoclaste, L'Homme des hautes plaines se situe à une étape intermédiaire de l'œuvre de Eastwood. Une étape cependant importante - la destruction avant la renaissance - dans la carrière du cinéaste et son rapport intime au western. »
Olivier Père, Les Inrockuptibles

Séances

samedi 30 avril à 14h30
mardi 3 mai à 21h15
samedi 7 mai à 15h