CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Le Fils unique (Hitori musuko)


de Yasujiro Ozu



CINÉMA D'HIER ET D'AUJOURD'HUI • SEPTEMBRE 2013

Japon, 1936, 1h23, VOSTF
avec Choko Iida, Shin'ichi Himori, Masao Hayama INÉDIT
VERSION RESTAURÉE • ITINÉRAIRE NANTES - JAPON

Dans une province du centre du Japon, une femme qui élève seule un garçon, décide de l'envoyer étudier à Tokyo, au prix d’une vie de sacrifice, elle qui travaille comme fileuse dans une fabrique de soie. Quinze ans plus tard, elle rend visite à son fils et découvre l’existence misérable qu’il mène dans la banlieue de Tokyo, avec femme et enfant. Il lui avait pourtant promis de devenir un "grand homme". Cette désillusion est au centre des rapports mère-fils, que le cinéaste traite, comme toujours, avec autant de sensibilité que de cruauté. Le film est aussi imprégné des difficultés et des évolutions sociales que connaît le Japon dans les années 1930. Après avoir longtemps résisté à l’arrivée du parlant, Ozu franchit le pas en 1936 avec ce film.

"Le Fils unique (Hitori musuko, 1936), premier long métrage parlant du grand cinéaste japonais qui, à l’instar de Chaplin aux Etats-Unis, résista longtemps aux sirènes du cinéma sonore et attendit cinq ans après l’apparition des films parlants au Japon pour en tourner un. L’une des scènes les plus étonnantes du Fils unique montre d’ailleurs le fils emmener sa mère au cinéma pour lui faire découvrir les merveilles de cette nouvelle attraction. Le film est une opérette allemande, dont on voit de larges extraits. La vieille dame s’endort devant un spectacle sans grand intérêt pour elle, provocant la consternation polie de son fils.
Cette scène souligne l’ironie d’Ozu devant le cinéma parlant, mais lui permet surtout de montrer le fossé d’incompréhension et de gêne qui s’est creusé entre une mère courage qui a tout sacrifié à la réussite de son fils, et un jeune homme sans qualité qui ne peut que constater le naufrage précoce de ses ambitions.
(…) Film de la déception (d’une mère) et la honte (d’un fils), où ces sentiments violents sont longtemps retenus – une seule scène de dispute, d’autant plus terrible qu’elle éclate au milieu d’un océan de politesse et de bonté, comme toujours dans les films d’Ozu. Le monde tel qu’il est décrit par Ozu a beau être cruel et sans espoir, les hommes et les femmes qui l’habitent expriment une douceur, une solidarité et une gentillesse extraordinaires, même dans les moments les plus difficiles.
La mise en scène d’Ozu, avec ses fameux plans à hauteur de tatami, mais aussi des plans débarrassés de la figure humaine, comme des miniatures de paysages urbains qui jalonnent le récit comme des rimes musicales ou des "haïkus" visuels, est à la fois simple et sublime. Tout l’art d’Ozu est déjà présent dans ce chef-d’œuvre de jeunesse, poétique et politique."

Olivier Père

Séances

Jeudi 12 septembre 2013 à 18h30
Samedi 14 septembre 2013 à 17h
Mardi 17 septembre 2013 à 20h30
Dimanche 22 septembre 2013 à 16h30
Samedi 28 septembre 2013 à 21h15