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Archives 2001-2011

MES PETITES AMOUREUSES


de Jean Eustache



PROGRAMMATION MAI 2008

France, 1974, 2h03
Avec Martin Loeb, Ingrid Caven, Jacqueline Dufranne

Daniel vit entre sa grand-mère et sa bande de copains dans un petit village du midi. Alors qu'il doit entrer au collège, sa mère le rappelle auprès d'elle et Daniel part s'installer à Narbonne où il connaît ses premiers émois amoureux. Le passage de l’enfance à l’adolescence d’un garçon taciturne et pauvre, contraint de renoncer au collège pour travailler et taraudé par son désir d’approcher les filles.
Dans une entreprise qui rappelle celle de Flaubert, comme Truffaut avec Antoine Doinel, Eustache poursuit ici le tableau de son Education sentimentale.

«Ce film-là, c'est le passage d'un enfant de la vie normale à la marginalité, alors que tous mes autres
films se situaient dès le début, dans la marginalité.»
Jean Eustache, L'Humanité, janvier 1975

« On me demande souvent pourquoi j’ai voulu faire ce film là. En dehors des petites réponses anecdotiques qui n’ont pas grande importance, je me suis aperçu que la seule raison que je pouvais donner, c’est par nécessité. Les films que j’ai faits, j’ai senti un besoin impérieux de les faire, et à n’importe quel prix puisque bien souvent j’ai sacrifié la qualité pour les faire quand même. »
Jean Eustache, propos recueilli par Serge Toubiana, Cahiers du cinéma n°284, janvier 1978.

« Mes petites amoureuses est le seul film que j’ai fait dans les conditions habituelles du cinéma et c’est le seul de tous mes films courts, moyens ou longs, qui a été un véritable échec financier.
Je me suis aperçu quand tournant dans des conditions traditionnelles, économiquement, je me cassais la gueule. Je ne peux pas en tenir compte. L’écriture d’un long-métrage demande huit à douze mois de travail, puis il y a la préparation, le tournage, le montage, la sortie, la promotion du film. Ça prend deux ans. Le salaire moyen, quand on est pas un réalisateur vedette, ne permet pas de vivre trois ans. Pour un type qui mûrit un film, qui l’écrit, qui est là depuis avant le début et jusqu’après la fin, le salaire normal est voisin du SMIC. »
Jean Eustache, propos recueilli par Serge Toubiana, Cahiers du cinéma n°284, janvier 1978.

« Mes petites amoureuses est un film dont on sort malheureux. C’est un plaisir doux-amer que le public goûte peu – celui d’aujourd’hui encore moins que celui de l’époque (1974) où ce film, tourné par Jean Eustache dans un relatif confort de production, connut un insuccès décevant malgré un sujet réputé « payant », avec lequel d’autres cinéastes (Truffaut, Pialat) avaient rencontré au moins la notoriété. Il y a une vraie raison à cela, qui fait que ce film est un grand film unique sur l’adolescence, ou sur l’état amoureux, retrouve (ou fantasme : le plaisir est le même) un état « d’heureux inachèvement », pour parler comme Pontalis, qui lui permet de s’évader, le temps de la projection, de sa propre finitude. »
Alain Bergala, « Enfance d’un cinéaste », Cahiers du cinéma « Spécial Jean Eustache » supplément au n°523, avril 1998, p. 12.

« Mes petites amoureuses semble avoir été tourné contre La Maman et la putain : il en est tout l’opposé. Ici, nulle logorrhée purgative, le film est fait de silences. »
Jean-Baptiste Morain, « Rétrospective Jean Eustache », Les Inrockuptibles n°168, le 1er avril 1998, p. 48.

SEANCES

Vendredi 16 mai à 22h
Samedi 17 mai à 19h45
Dimanche 18 mai à 16h30