CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

"My Childhood" suivi de : "My Ain Folk"


de Bill Douglas



NICOLAS PHILIBERT • FÉVRIER 2014

GB, 1972, 48 min, VOSTF
avec Stephen Archibald, Hughie Restorick
NUM • RÉÉDITION

My Childhood
En 1945, dans un village minier d’Ecosse, un garçon de 8 ans vit avec sa grand-mère et son frère. Passant le plus clair de son temps seul, il noue une amitié forte avec un militaire allemand retenu prisonnier dans un camp. Mais le soldat doit bientôt quitter le village. Ce premier épisode relate la première étape de la vie d’enfant de Bill Douglas, organisée autour de sa grand-mère maternelle.


suivi de : My Ain Folk de Bill Douglas
GB, 1973, 55 min, VOSTF • avec S. Archibald
A la mort de leur grand-mère, les deux frères sont séparés de force. Tommy, le plus âgé, est emmené à l’orphelinat. Démarre alors cette seconde période de l’enfance du cinéaste, où Jamie est recueilli par sa grand-mère paternelle et son oncle. Il continue de vivre dans la solitude, subit la violence et le rejet des adultes. Un regard d’enfant sur le monde, où tout est sensations et immédiateté, filmé avec la conscience du cinéaste adulte.

--
"Dès les premières séquences en noir et blanc de "My Childhood", le cinéaste écossais Bill Douglas, mort en 1991 à l’âge de 57 ans, met en place un dispositif qui donne le ton à sa Trilogie tout entière. Cette œuvre à la première personne (trois films en noir et blanc, marqués par le pronom possessif “my”), ce “récit émotionnel” (l’expression est du cinéaste), qui constitue indissociablement un roman dickensien et un documentaire, est sans cesse traversé par un flux impersonnel – la nature, la vie – et cosmique : l’immensité de l’univers, qui rend la destinée misérable d’un enfant encore plus minuscule et déchirante.
Tel est le ton unique d’un film-œuvre (Bill Douglas disait de sa Trilogie que “sa structure est moléculaire : c’est un film composé d’une seule et longue scène ininterrompue”), consistant à mettre en scène le télescopage des émotions les plus archaïques – la violence d’une enfance abîmée par la misère économique et surtout affective – avec les éléments les plus indifférents : ciel, système solaire, lune, terre, étoiles. Dans "My Ain Folk" (deuxième volet), l’irruption de la lune clôt brutalement la bagarre triviale opposant la grand-mère de Jamie à la maîtresse de son père.(...) Il n’y a pourtant rien de “tripal”, ni aucune forme s’apparentant au psychodrame, dans cette oeuvre dont l’extrême élégance et l’originalité formelles reposent sur la stylisation. (...) Il est temps de découvrir l’œuvre immense d’un cinéaste qui, à l’image de tout véritable artiste, a créé un monde pour retraverser, et sauver, sa propre enfance."

Hélène Frappat, Les Inrockuptibles

"My Childhood ("Mon enfance"), My Ain Folk ("Les miens", en écossais) et My Way Home ("Mon retour") ont été réalisés entre 1972 et 1978. Les deux premiers volets de ce récit de formation à nul autre pareil durent trois quarts d'heure, le dernier une heure et quart. Cette brièveté rend bien compte de l'extrême économie de la manière de Bill Douglas – sens de l'ellipse, exigence à l'égard du spectateur appelé à passer d'un moment du récit à l'autre sans transition, pureté de l'instant et du mouvement. Cette austérité (mais le mot est trop rebutant aujourd'hui pour rendre compte de la beauté de ce cinéma) semble procéder du dénuement dans lequel a grandi Bill Douglas."
Thomas Sotinel, Le Monde

Séances

Dimanche 16 février 16h15
Jeudi 27 février 18h30
Dimanche 2 mars 18h30