CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Ombres et brouillard (Shadows and Fog)


de Woody Allen



WOODY ALLEN • AOÛT-SEPTEMBRE 2016

USA, 1992, 1h25, VOSTF
avec Woody Allen, Michael Kirby, Mia Farrow


La nuit, le brouillard, un passage mal éclairé, une silhouette menaçante, on frappe, on réveille Kleinman, c’était un cauchemar. Mais la réalité ressemble au cauchemar... On évoquera M le maudit, le Bergman de La Nuit des forains, Nosferatu, l’expressionnisme, il y a tout cela dans ce qui peut paraître un exercice de style, mais il y a surtout Kleinmann, Monsieur K, sorti directement de Kafka, d’une Europe centrale en proie à l’antisémitisme, d’une société où l’arbitraire règne, où le docteur est plus qu’inquiétant, où les rues sont comme un labyrinthe dont on ne trouve pas l’issue. Mais heureusement il y a les artistes, le cirque, la magie. Un noir et blanc "d’époque", une autre expérience unique chez Woody Allen.

"Nous l'avons entièrement tourné en studio, dan le plus grand décor jamais construit à New York, par Santo Loquasto, dans les studios Astoria, les plus célèbres de la ville, qui se trouvent dans le Queens : l'endroit où les Marx Brothers avaient tourné The Cocoanuts, leur premier film. Je voulais que le film rappelle ces vieux films allemands faits par la UFA, où tout était toujours tourné en décors artificiels, qui nageaient dans le brouillard et l'humidité, avec un éclairage expressionniste. L'idée du film m'était venue d'une pièce en un acte que j'avais écrite des années plus tôt. L'histoire d'un homme réveillé en pleine nuit et qui se retrouve sans rien comprendre parmi un groupe de gens qui patrouillent dans les rues, à la recherche d'un serial-killer. Il est projeté de son lit douillet au cœur de la nuit, dans la brume, complètement paumé. J'ai développé cette pièce pour en faire un film. J'étais intéressé par l'impression que la nuit, la civilisation n'existe pas. Une sensation qu'on a facilement à New York. La journée, tout fonctionne, c'est merveilleux et excitant. Mais à 4h du matin, il n'y a pas âme qui vive ; quand vous marchez dans les rues vides, c'est un autre monde : tout particulièrement dans des quartiers qui grouillaient de vie quelques heures plus tôt. Vous réalisez que la civilisation est quelque chose d'imposé, que vous vivez sur une planète à la dérive dans l'espace, qu'avant que l'homme n'apparaisse et ne construise tout ces immeubles, il n'y avait rien. Rassuré en pleine journée, vous vous retrouvez soudain la nuit comme un animal à l'état sauvage, perdu dans l'univers. Pendant longtemps, surtout lorsque j'étais comique de cabaret, mon dernier spectacle de cabaret avait lieu vers 1h du matin, je ne rentrais donc jamais chez moi avant 3h30 ou 4h. Et là, vous vous retrouvez soudain absolument seul dans Madison Avenue. Tout est mort. Par une nuit chaude, vous seriez capable exactement comme le personnage du film, de retirer vos vêtement et de dévaler la rue en courant, ivre d'une liberté où se mélangent allégresse et terreur. Ce peut-être un beau moment de calme et de quiétude mais souvent, il suffit d'un détail, d'un souci ou d'un bruit pour que vous perceviez tout votre votre vulnérabilité. Alors vous commencez à gamberger, les questions métaphysiques surviennent : et là, vous paniquez pour de bon. Vous prenez pleinement conscience de l'absurdité et de la précarité de notre condition humaine." Woody Allen

Séances

samedi 27/08 17:00 - - dimanche 28/08 20:30 - - lundi 5/09 20:30

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