CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Sharqiya


de Ami Livne



CINÉMA D'HIER ET D'AUJOURD'HUI • MARS 2013

France-Israël-Allemagne, 2012, 1h22, VOSTF
avec Adnan Abu Wadi, Maysa Abed Alhadi
SORTIE NATIONALE

Kamel, un jeune Bédouin, travaille comme agent de sécurité à la gare routière de Be'er Sheva. Il habite dans un petit village illégal, perdu au beau milieu du désert. Son frère Khaled, chef du village, travaille dans la construction et est marié à Nadia, 21 ans. La relation entre les deux frères est compliquée, Khaled n’approuvant pas le métier de Kamel. Un jour, en rentrant chez lui, Kamel apprend que les autorités ont ordonné la démolition du village. Dès le lendemain, Khaled quitte son emploi et décide de rester au village, pour repousser les autorités qui tenteraient de les déloger. Kamel, quant à lui, continue d'aller travailler...

"Sharqiya : vent de l’Est, un souffle à visage humain qui fait des dégâts, qui gronde entre la ville et le désert, entre les indigènes devenus illégitimes et les "citoyens". Sharqiya, l’histoire simple de personnages modestes, touchants dans leur combat silencieux pour survivre dans un pays où le lopin de terre où ils ont planté leur tente un jour ne leur appartient désormais plus. Cela fait bien sûr écho à l’histoire de la création du pays lui-même. On nous emmène au cœur même d’Israël pour faire le point sur cette situation humaine si complexe. La force de Sharqiya réside dans la finesse de sa mise en scène. Une caméra fluide flirtant parfois avec le documentaire, signe au final de vrais moments de cinéma, originaux et poétiques."
Reza Serkanian, cinéaste

"Un western ?? Oui, sans aucun doute, mais avec les Bédouins dans le rôle des Indiens, la police israélienne dans celui des cow-boys, le désert du Néguev à la place de l’Arizona, un hameau de caravanes et de baraques à la place des tentes et des tipis, et un litige territorial à la place… d’un litige territorial. (...) Le conflit territorial qui fracture cette région est donc ici ramené à sa plus simple expression : changer de maison ou pas. Les Bédouins (du moins tels que montrés ici) ne sont pas radicalisés comme certains pans de la population palestinienne. Si Khaled se rebelle, Kamel est placide, il travaille à la ville et cohabite sans problème avec ses collègues juifs.
Il incarne la situation incertaine de son peuple, à la fois dedans et dehors, intégré à Israël par le travail mais séparé par les coutumes et l’habitat. Moins violente que le conflit israélo-palestinien, la relation entre les Bédouins et l’État d’Israël oppose tradition et modernité : les uns refusent un relogement plus salubre et confortable mais coupé de leurs racines, les autres veulent supprimer ces hameaux précaires qui semblent pourtant ne gêner personne.
Sharqiya n’est pas pour autant la simple illustration de cette question politico-sociale : celle-ci s’incarne dans une fiction qui noue suspense moral (Kamel déjoue un attentat et devient héros local) et suspense affectif (les deux frères se querellent et Nadia semble avoir une meilleure relation avec son beauf), mise en scène avec un beau sens de l’espace et du tempo. Découvreur d’Hong Sangsoo ou de Jeff Nichols, l’excellent distributeur ASC a encore mis la main sur une perle rare : Sharqiya nous instruit de réalités peu connues tout en dispensant un vrai
plaisir de cinéma."

Serge Kaganski

Séances

Samedi 9 mars 2013 à 15:00
Mardi 12 mars 2013 à 18:30
Dimanche 17 mars 2013 à 21:00
Lundi 18 mars 2013 à 20:30



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