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Archives 2001-2011

UNE SALE HISTOIRE


de Jean Eustache



PROGRAMMATION JUIN-JUILLET 2008

France, 1977, 50 min
Volet ”fiction” avec Avec Michael Lonsdale, jean Douchet, Douchka
Volet ”document” avec Jean-Noël Picq, Françoise Lebru

Dans un salon, un homme (Michaël Lonsdale) raconte longuement à des femmes compatissantes comment il devint voyeur dans les toilettes d’un café ; un deuxième homme (Jean-Noël Picq) raconte à son tour la même chose.
L'habitué d'un café s'aperçoit que les clients descendent souvent dans les toilettes féminines où un trou aménagé dans la porte favorise les regards indiscrets. Les hommes peuvent observer à loisir des sexes féminins. Il se prend lui aussi a ce jeu qui devient bientôt une obsession.

« C’est un film en deux volets. Jean Eustache a d ‘abord tourné le témoignage de l’homme auquel l’histoire est arrivée, dans les conditions du direct, en 16 mm, avec une image granuleuse. Puis il a retranscrit le dialogue et fait rejouer la scène par un comédien qu’il filme en 35 mm, avec soin. Mais il a inversé l’ordre de la projection.(…) ”Une sale histoire” est d’abord une réflexion sur le cinéma, la façon d’appréhender une réalité et sa représentation. »
Jean-Luc Douin, « Une sale histoire », Télérama n° 2356, le 8 mars 1995.

« Eustache se marginalise avec ”Une sale histoire”. (…) Le film, bégayé, magnifique, dément est accueilli avec consternation. Il ouvre en fait sur un au-delà du cinéma qui ne sera guère fréquenté que par Marguerite Duras. »
Philippe Azoury, « Jean Eustache, Une balle à la place du cœur », Les Inrockuptibles n°576, le 12 décembre 2006, p. 31.

« Cette sale histoire que je voulais la faire depuis des années et je cherchais des biais pour la faire. D'abord, je pensais la mettre dans un long-métrage, en faire une digression. (...)Ensuite, j'ai pensé : "Ce qui est intéressant dans cette histoire, c'est la réflexion, donc je ne vais l'illustrer qu'à moitié, l'illustration sera portée par le récit, on verra tantôt l'action, tantôt le récitant." J'ai pensé que ce n'était pas bien non plus et, en dernier lieu, j'ai trouvé que la seule façon de faire ce film c'était le récit, filmer le type qui raconte l'histoire. C'est le film impossible à faire, je le déclare impossible. J'essaie de l'écrire, et je ne le peux pas, donc je la fais raconter. J'ai inclus ma préoccupation et ma recherche dans le film. »
Jean Eustache, Entretien avec Serge Toubiana, Cahiers du cinéma n° 284, janvier 1978.

« Si la Maman et la Putain est le sommet romanesque de l’œuvre d’Eustache, Une sale histoire est son abîme. il y est question d’une histoire, aussi sale que banale. (…)En plaçant la reproduction avant l’original, Eustache organise une remontée vers les origines, une scénographie du dévoilement jusqu’au trou originel de la fiction. C’est la représentation qui se donne à voir par son sexe et le fantasme du spectateur (de voir cette origine-là, ce qui en amont de toute fiction, le réel à poil) qui est dénudé. Cette hypothèse d’homologie entre l’art et la pornographie, sur laquelle a tant travaillé le cinéma moderne dans son désir de transpercer les dessous de la représentation, Une sale histoire le mène à son terme. »
Jean-Marc Lalanne, « Le réel à poil », Cahiers du cinéma « Spécial Jean Eustache » supplément au n°523, avril 1998, p.15.

« On l’aura compris, jamais film aussi modeste dans son budget et si fondamentalement blasphématoire dans son amoralisme apparent n’a soulevé autant de questions essentielles. Pourtant, Eustache, aussi marginal que non universitaire, n’avait rien d’un théoricien. (…)Mais, à la fréquentation des maîtres, de Dreyer pour la rigueur à Renoir pour le naturel, de Guitry pour la magie du mot à Bresson pour l’exacerbation contenue des sens, il avait développé ce type de connaissance sensible qui est le propre de l’artiste. Pour Eustache, le voyeurisme était d’abord oral, là est la clé de son œuvre… »
Jean Roy, « La jouissance du verbe », l’Humanité, le 1er avril 1998.

SEANCES

Mardi 3 juin à 19h
Dimanche 8 juin à 16h30
FILM PRÉCÉDÉ DE
LES PHOTOS D'ALIX