Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Aviator (The Aviator)


de Martin Scorsese



HOLLYWOOD SUR HOLLYWOOD • JUIN - JUILLET 2012

USA, 2004, 2h50, VOSTF
avec Leonardo DiCaprio, Cate Blanchett, John C. Reilly, Alec Baldwin, Jude Law, Gwen Stefani

Aviator (The Aviator)
Howard Hugues fut l'une des figures les plus fascinantes du 20è siècle. Novateur influent, pilote émérite, grand industriel, producteur glamour et aventurier casse-cou, il se considérait avant tout comme un aviateur. Scorsese recrée la période la plus féconde et la plus mouvementée de sa vie des années 20 à 40, durant lesquelles il multiplia les défis, s'investissant avec la même audace dans ses deux domaines de prédilection : l'aviation et le cinéma. Pour recréer l'univers de ce visionnaire, Scorsese utilise une palette élaborée : teintes pastel du Technicolor bichrome des années 20, couleurs éclatantes du Technicolor trichrome qui prend le relais dès 35, avant de rejoindre les couleurs du cinéma actuel. En se replongeant dans les expériences visuelles de Hugues, le spectateur revivra les émotions de toute une période de l'histoire américaine.


"Pari - réussi - de Scorsese : réaliser un film luxueux et classique, hollywoodien, en somme, tout en l'amenant à lui, à son univers, fait de violence et de fêlures. D'où cette alternance de scènes grandioses (le tournage des Anges de l'enfer, le crash ahurissant de l'avion où Howard Hughes frôle la mort) et de moments intimistes où l'angoisse recouvre les paillettes, où s'épanouit le héros scorsésien, proie fatale de démons intérieurs qui l'anéantissent. Ici, il est à son affaire. Car le monde du cinéma est assez proche de l'univers mafieux qu'il a peint de film en film. Qu'importe que Leonardo DiCaprio ne ressemble pas du tout au vrai Howard Hughes, puisque, porté par son metteur en scène, il parvient à le rendre plus vrai que le vrai. Le scénario n'illustre que quelques épisodes de la vie de Hughes, de 1927 à 1947, passant sous silence les fâcheuses opinions politiques du personnage. Même s'il fait semblant de le célébrer, Scorsese s'attache essentiellement à miner le rêve américain. À le muer en cauchemar doux et poisseux. Dès la scène d'ouverture, le jeune Howard est lavé par sa maman, jeune, jolie et névrosée. Elle lui égrène, telle une litanie morbide, les périls qui l'attendent : microbes, miasmes, maladies. Dès cet instant, et pour toute sa vie, il sera "en quarantaine ". A côté du monde et non au-dessus, tel le dieu qu'il croit être. Scorsese peint Hughes comme un colosse aux pieds d'argile : sa force le fascine autant que sa vulnérabilité. Qu'aura-t-il fait de sa vie, Howard Hughes, sinon produire quelques films (pas toujours réussis), imaginer quelques avions (pas toujours volants) et courtiser quelques femmes (pas toujours aimées) ? Le voilà condamné, comme tout être humain, à payer le salaire du péché."
Pierre Murat, Télérama

Séances

Samedi 30 juin 2012 à 14:30
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