Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

LA LOI DU GENRE

Black Book (Zwartboek)


de Paul Verhœven



LA LOI DU GENRE • 2011/2012 • SECONDE GUERRE MONDIALE

Pays-Bas, Belgique-Allemagne-G.B., 2006, 2h25, VOSTF
avec Carice Van Houten, Sebastian Koch, Thom Hoffman, Halina Reijn, Waldemar Kobus

Black Book (Zwartboek)
La Haye, sous l'occupation allemande. La belle chanteuse Rachel Stein rejoint la Résistance et, sous le nom d'Ellis de Vries, parvient à infiltrer le service de renseignement allemand et à se lier avec l'officier Müntze. Plus que la cruauté de la guerre, Verhoeven montre celle dont chaque individu est capable.


"Paul Verhoeven est rentré chez lui, aux Pays-Bas, pour y tourner une superproduction à l'échelle européenne, un film de guerre qui a tout pour faire vibrer le public, et qui a aussi du caractère, de l'originalité. Voilà la belle histoire de ce Black Book , revanche d'un cinéaste qui, à 68 ans, refuse qu'on l'enterre, et qui, ici, ne quitte pas des yeux une jeune femme acharnée à vivre. Rachel Stein, chanteuse à La Haye sous l'occupation allemande, voit sa famille mourir, avec d'autres Juifs pris au piège par un passeur qui devait les faire sortir du pays et les a livrés aux nazis. Rachel s'échappe. Mais la mort la poursuit. Dans le réseau de résistance qu'elle rejoint, des hommes sont arrêtés, exécutés. Chargée de séduire et de manipuler un officier allemand, Rachel en tombe amoureuse et, manipulée à son tour, devient une femme à abattre pour les occupants comme pour ses compatriotes, qui la croient passée à l'ennemi. On sait qu'elle survivra, car le film, construit en flash-back, nous la montre dès l'ouverture après la guerre. Mais c'est à chaque fois un miracle qu'elle s'en sorte, comme le résume une scène clé : pour sauver Rachel, on la cache dans un cercueil, et quand les Allemands le font ouvrir, elle doit jouer la morte. Une profonde noirceur habite ce Black Book bien nommé. Tout y est traîtrise, mensonge. Plus que la cruauté de la guerre, Verhoeven montre celle des individus, qui veulent tirer profit de l'horreur. Son héroïne même, avec toute sa générosité, est une individualiste qui sauve sa peau armée de sa propre morale : elle ne devient jamais une allégorie des martyrs de la Shoah, ni même des survivants, elle est à part, unique et seule. Son étonnant destin donne matière à un film feuilletonesque au charme presque rétro. Quand les cinéastes d'aujourd'hui abordent les films de guerre avec l'obsession du réalisme, Verhoeven ne craint pas de s'en tenir aux atouts de toujours : une histoire forte, des comédiens qui séduisent, des décors efficaces. Tantôt passe un parfum de série B, tantôt c'est un lyrisme sombre à la Visconti qui domine. L'ensemble compose un style unique, et reflète un appétit de cinéma qui fait plaisir à voir."
Frédéric Strauss, Télérama


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