Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Chérie je me sens rajeunir (Monkey Business)


de Howard Hawks



CYCLE HOWARD HAWKS • DÉCEMBRE 2014

USA, 1952, 1h37, VOSTF
avec Cary Grant, Ginger Rogers, Charles Coburn, Marilyn Monro

Chérie je me sens rajeunir (Monkey Business)
Barnaby Fulton, un chimiste de talent, tente de mettre au point un sérum de rajeunissement. Sans succès. Jusqu’au jour où un chimpanzé du laboratoire s’amuse à mélanger ses fioles et vide sa mixture dans le distributeur d’eau. Barnaby s’abreuve sans le savoir de ce produit miracle. L’effet est foudroyant… Le film reste surtout marquant par sa description - unique dans l’œuvre de Hawks - d’un mariage dont la flamme vacillante est ranimée par un moyen totalement fantastique. Pour Hawks, le regain amoureux de Barnaby et Edwina relevait du pur fantasme.

Séances

Samedi 27/12 19:00
Vendredi 2/01 21:00



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"Hawks assume pleinement la parenté entre les deux films, et fait de Chérie, je me sens rajeunir une sorte de reprise de L’Impossible Monsieur Bébé quinze ans après.

Le temps a passé. Et c’est justement ce qui pose problème à Barnaby Fulton, corps et âme dévoué à une recherche capitale : une potion miraculeuse, source de jouvence. Fruit de savants calculs, et surtout d’une aide inattendue, la formule est découverte. Rajeunir n’est enfin plus une utopie. Mais cette boisson dont les effets sont encore inconnus va être absorbée par les personnages à leur insu. Si le scénario se construit sur cette base de science fiction, Hawks n’a pas le projet de refaire un Dr Jekyll et Mr Hyde dans lequel les protagonistes subiraient de spectaculaires transformations. Les personnages vont rajeunir, mais en restant identiques. Ce qui intéresse le cinéaste, c’est de pousser le jeu d’acteur dans ses derniers retranchements. Comment Cary Grant, avec son corps, sa grande stature, son élégance, peut-il trouver les gestes, les attitudes, qui feront de lui un adolescent ou un enfant ? Conserver le même corps, mais en décalant les gestes et agissements, la façon de parler. Avec la précision qu’on lui connaît, Grant se plie brillamment à l’exercice, et finit même dans un contre-emploi de genre, puisqu’une bande d’enfants l’entraîne dans une séquence d’affrontement de cow-boys et d’Indiens. Cette tonalité de science-fiction que prend le scénario semble finalement relever d’une forme de défi lancé par le cinéaste à son acteur : être aussi drôle que par le passé. De Cary Grant à la joyeuse ribambelle d’enfants qu’il rencontre, du vieux Monsieur Oxley à la secrétaire jouée par la jeune Marilyn Monroe alors peu connue, de Ginger Rogers à un bébé qu’elle croit être son mari ayant absorbé une dose massive de potion, c’est une galerie de personnages totalement hétéroclites, à travers laquelle toute la pyramide des âges est représentée, qui joue à s’échanger les rôles.

« Regarder le chaos en s’amusant », tel était le principe comique de Howard Hawks. Or, qui doit le plus s’amuser de la farce, sinon celui qui est à l’origine de tout : le singe de laboratoire qui, fuguant de sa cage, a joué à l’apprenti sorcier, mélangé tous les produits chimiques, et créé la fameuse potion. C’est, encore une fois chez Hawks, comme dans plusieurs de ses films , la bête qui mène la danse, comme si le cinéaste voulait nous dire une bonne fois pour toutes que l’homme n’est qu’un animal comme les autres. Cette joyeuse pagaille sur fond de formule magique et de performance d’acteur vient mettre un peu d’aventure dans le quotidien d’un vieux couple qui s’ennuie et pose une fois encore la question qui passionne le cinéma classique hollywoodien : est-ce que le couple peut se bonifier avec le temps ?"

Extraits de "Elixir de jeunesse"de Raphaëlle Pireyre, Critikat