Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Kommunisten


de Jean-Marie Straub



CINEMA D'HIER ET AUJOURD'HUI • AVRIL 2015

France, 2014, 1h10, VOSTF
avec Franco Fortini, Danièle Huillet, Jean-Marie Straub
NUM • SORTIE NATIONALE

Kommunisten
Kommunisten est un choeur. Ou plutôt œuvre-t-il à faire se rejoindre des voix (le Malraux du Temps du mépris dialogue via des fragments des films de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub avec Friedrich Hölderlin, Elio Vittorini, Friedrich Engels, Mahmoud Hussein, Franco Fortini) pour mieux en prolonger l'écho, la résonance dans le temps, les textes et les langues. Bref, à l'image majestueuse et puissante d'une chaîne montagneuse qu'il découvre le moment venu, Kommunisten veut déplier et rassembler, se placer au carrefour (les Alpes comme veines de l'Europe) et boucler un tour (panoramiquer). Voilà ce qu'il convient d'appeler (avec une bouleversante évidence) une esthétique : ici, le pouvoir du cinéma à forger plan après plan, son après son, et film après film, un temps, celui qu'il faut pour retrouver un chemin perdu vers la beauté. C'est encore en rabâchant quelques vérités, poétiques et politiques, que l'idée familière et pourtant si lointaine fait retour de la terre, celle que nous foulons, comme notre seul et le plus sacré de nos biens communs, comme prolongement sublime de notre corps et berceau de nos utopies et de nos pensées. Adviendra-t-il enfin ce jour où la barbarie évanouie nous pourrons nous (ré)jouir de le redécouvrir ? Le legs des Straub-Huillet. Et une émotion indicible.


Que la réputation d’un cinéma fait de découpages en plans fixes très longs, obstinément attachée au cinéma de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, soit fausse, mais éventuellement discutable, et surtout non représentative de l’ensemble de leur cinéma selon Benoît Turquety, ce nouvel opus d’une durée de 70 minutes se présente comme un montage hétérogène et anachronique de 6 courts-métrages : cinq sont des fragments de films antérieurs (respectivement dans leur ordre d’apparition : Operai, Contadini , 2001 ; Trop tôt, trop tard, 1981 ; Forini/Cani, 1976 ; Der Tod des Empedokles, 1986 ; Schwarze Sünde, 1988), auxquels s’ajoute en ouverture un inédit, adapté du roman Le Temps du mépris (1935) de Malraux, pamphlet politique décrivant l’Allemagne devenue hitlérienne. Du premier fragment au dernier, on appréhende néanmoins une tonalité personnelle et affective, entre la voix de Jean-Marie Straub hors champ et le visage et la voix de Danièle Huillet, disparue en 2006, contribuant à donner à Kommunisten qui peut en apparence se présenter comme un film paresseux un statut particulier : celui d’un manifeste autant intime et personnel que politique et artistique."
Marie Gueden, Critikat

Séances


Mercredi 6/05 18:45
Dimanche 10/05 16:45
Mardi 12/05 20:30
Jeudi 14/05 14:45
Vendredi 15/05 18:45