Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

La Chambre interdite (The Forbidden Room)


de Guy Maddin et Evan Johnson



CINÉMA D'HIER ET AUJOURD'HUI • DÉCEMBRE 2015

Canada, 2015, 1h59, VOSTF
avec Maria de Medeiros, Udo Kier, Mathieu Amalric
NUM • SORTIE NATIONALE



La Chambre interdite (The Forbidden Room)
Dans un sous-marin, un équipage bientôt privé d’oxygène attend une mort certaine. Un bucheron est alors retrouvé à bord. Ce dernier leur raconte comment venu secourir sa bien-aimé, il a du faire face à une terrible tribu d’hommes des cavernes. Le voyage peut alors commencer. Pour son onzième film, qu’il co-réalise avec Evan Johnson, un de ses étudiants, Guy Maddin adapte pour le cinéma, son projet interactif Séances, débuté en 2012 au Centre Georges Pompidou (bientôt visible sur internet). Maddin s’inspire du spiritisme et invoque les films disparus ou les projets avortés de l’histoire du cinéma, de réalisateurs tels que Murnau, Vigo, Lubitsch, Hitchcock…S’en dégage un des films les plus radical de Maddin, ou une seule vision ne suffit pas, tant le film nous sollicite, à faire face aux flots d’images, de sur-impressions, de sons, de couleurs et d’imbrications narratives. Il nous convoque dans un film/trip onirique sur les chemins de la mémoire, rendant tout en inventant des formes nouvelles, un magnifique hommage aux fantômes du cinéma muet.

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"Après qu’un quinqua en peignoir nous a initiés aux joies de la baignade, le film plonge dans les entrailles d’un sous-marin dont l’équipage en manque d’oxygène mange des galettes contenant des poches d’air et où «un forestier qu’ils n’avaient jamais vu apparaît mystérieusement à bord», explique un carton. L’homme a le teint verdâtre et des feuilles collées sur le visage. Il ressemble au cinéma fantôme que cherchent à ressusciter Guy Maddin et son comparse Evan Johnson dans cette Chambre interdite, autant chambre d’impression que labyrinthe à rêves.
En 2012, le Canadien - dont les pellicules grattées aux couleurs saturées avaient fait la fortune esthétique dans les années 90 - organisait au centre Pompidou des «séances» de spiritisme pour faire revivre l’âme des films oubliés, disparus, mort-nés. «Il est facile de rapprocher ces travaux perdus, dont les seules traces restantes sont quelques photos de tournage ou autres critiques dans Variety, à des esprits errants qui resteraient nous hanter», explique Maddin dans le dossier de presse.
A partir de vieux titres ou de bribes de scripts, un quarteron d’acteurs français (Amalric, Nolot, Haenel…) puis canadien s’est englouti dans des histoires visuellement folles, à la tonalité surréaliste et au genre aventureux. Le résultat est un cinéma cannibale qui se mange autant qu’il se vomit, un patchwork de 18 courts métrages cousus entre eux par un souvenir de pellicule. Loups rouges retenant une prisonnière dans une grotte, femmes squelettes montant des arnaques à l’assurance, anniversaire meurtrier, derrière obsédant et diplomate perturbé par Janus… cette Chambre interdite cache un organe en surchauffe du corps cinéma sondé à la caméra chirurgicale."
Guillaume Tion, Libération

"Fidèle à son extrême fantaisie rétro, consistant grosso modo à réécrire l’histoire du cinéma des débuts du parlant à l’aune de la sensibilité contemporaine, avec un zeste de trash, de provoc surréaliste et un sens obsessionnel de la parodie, Guy Maddin revient avec une œuvre plus alambiquée et désaxée que jamais ; il démontre qu’on peut produire un arte povera à la facture très lo-fi à partir des techniques numériques d’aujourd’hui.
De plus, il semble cette fois avoir compliqué la donne en tournant une série de courts métrages en public sous forme de performances (au Centre Pompidou à Paris et au Centre Phi à Montréal), lesquels furent ensuite tissés intimement pour produire cet invraisemblable film à tiroirs, dans lequel, par exemple, un bûcheron canadien déboule directement d’une forêt – où il était en butte à un clan d’hommes-loups ayant kidnappé sa dulcinée – dans un sous-marin en perdition. Les jeux outrés du cinéaste se poursuivent, mais la modicité de ses moyens est, plus que jamais, diamétralement égale à la vastitude et la ductilité de son imaginaire. Ces épisodes rocambolesques sont tournés dans des mouchoirs de poche et agrémentés de mille brouillages cosmétiques qui les déréalisent et les enluminent. En prime, un inénarrable clip musical des Sparks, The Final Derriere, avec Udo Kier en obsédé du cul, et André Wilms en psy, est inséré dans la trame de ce mille-feuille endiablé."
Vincent Ostria, Les Inrockuptibles

- - dimanche 20/12 18:30 - - mardi 22/12 20:30 - - mercredi 23/12 18:30 - - dimanche 27/12 21:00
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Rencontre(s) avec Guy Maddin