Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

La Chambre verte


de François Truffaut



INTÉGRALE FRANÇOIS TRUFFAUT • FÉVRIER-MARS 2016

France, 1978, 1h35
avec François Truffaut, Nathalie Baye, Jean Dasté

La Chambre verte
Lors de la veillée funèbre de la femme d’un de ses amis, Julien Davenne s’emporte contre les paroles du prêtre, le chasse et explique à son ami que c’est à lui seul de garder le souvenir de l’être cher... À partir d’éléments puisés dans trois nouvelles d’Henry James, Truffaut et ses coscénaristes peinent longtemps avant d’aboutir à cette célébration privée du culte des morts, projet difficile à faire accepter au public. Comme son alter ego, Charles Denner, n’était pas libre, Truffaut prit le rôle, renforçant la dimension personnelle du film. Les portraits aux murs sont ceux de son Panthéon personnel, dont celui de Maurice Jaubert, mort en 1940, dont on entend la musique. Un film grave, essentiel pour comprendre le Truffaut intime.

"Il arrive un moment dans la vie où l'on connaît plus de morts que de vivant. Cette constatation, simple comme au revoir, nous a dicté le scénario de La chambre verte qui entremêle deux histoires courtes de Henry James et des notations biographiques sur sa fidélité au souvenir de sa fiancée disparue. Le film montre l'évolution des relations entre deux êtres qui aiment les morts et les respectent, un homme et une femme qui refusent l'oubli. Contrairement à ce que les habitudes sociales et religieuses font croire, il arrive que l'on entretienne avec certains morts des relations aussi agressives et passionnées qu'avec les vivants." François Truffaut

"L’un des films les plus morbides de Truffaut (avec, par exemple, L’Histoire d’Adèle H. ou La Sirène du Mississippi), l’un des plus glaçants (le héros, Julien Davenne, est non seulement fou, mais aussi obstiné dans sa folie). La Chambre verte, c’est l’inverse de L’homme qui aimait les femmes, son film précédent : c’est “L’homme qui n’aimait qu’une femme, et encore était-elle morte” ; c’est aussi “L’homme qui aimait les flammes” (c’est ainsi que l’équipe de tournage surnommait le film), puisqu’il dresse un autel et brûle des cierges à ses chers disparus (un mélange entre L’Autel des morts, la nouvelle d’Henry James dont est tiré le film, et Vertigo). Le couple “vedette” du film, Truffaut lui même et Nathalie Baye (qui va tomber amoureuse de cet homme bizarre), est très étrange et contrasté : Truffaut blafard, les yeux en dedans, Baye lumineuse, ouverte, avec ce petit sourire contrarié qui lui va si bien. On notera également la récurrence dans le film du thème claustrophobique de l’ensevelissement (les images d’archives de la guerre de 14 à laquelle le héros a participé, un incendie, un cercueil qu’on ferme, le brouillard, etc.). Tout cela est très tenu, sans scories, et sans doute le film où le cinéma de Truffaut affleure le plus le code fantastique." Jean-Baptiste Morain, Les Inrockuptibles



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