Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

La Propriété c'est plus le vol (La Proprietà non è piu un furto)


de Elio Petri



RÉTROSPECTIVE ENNIO MORRICONE • JUIN-JUILLET 2015

Italie, 1974, 2h06, VOSTF
avec Flavio Bucci, Ettore Garofolo, Luigi Antonio Guerra
NUM

La Propriété c'est plus le vol (La Proprietà non è piu un furto)
Modeste employé de banque, pris de démangeaisons au simple contact de l’argent, Total vit chaque jour dans l’angoisse. Convaincu des injustices causées par la richesse, il décide de s’attaquer au système, en prenant pour cible un boucher qui étale sa fortune avec ostentation… "Jamais Elio Petri n’aura été si caustique. Il a l’humour de Mocky, la fantaisie de Fellini, la modernité d’Antonioni, la critique de Pasolini, la colère de Rosi, la folie de Ferreri…" Jean-Jacques Birgé. Compagnon de la seconde moitié de la carrière d’Elio Petri, Morricone propose ici une musique très étouffante, renforçant l’atmosphère angoissante du film.

"Avec La propriété c’est plus le vol, Petri épingle une société perverse et prolonge l’analyse critique menée dans Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon et La classe ouvrière va au paradis. Dès le générique, il affirme un style expressionniste, où la mise à nu du système libéral passe d’abord par une auscultation de l’âme humaine. Des tableaux du peintre Renzo Vespignani présentent les différents acteurs sous un jour inquiétant : visages clivés, tordus et grimaçants, comme une série de masques.(...) Le sexe, la mort, la schizophrénie : voilà bien les grandes lignes d’un récit centré sur l’argent et son pouvoir destructeur. Sur fond noir, un monologue face caméra du "héros" annonce ensuite la couleur : "Moi, comptable du nom de Total, je ne suis pas différent de vous. Et vous n’êtes pas différents de moi. Nous avons les mêmes besoins, mais n’y répondons pas de la même manière. (…) Finalement La propriété c’est plus le vol est un vrai film d’horreur, peuplé de fantômes et de vampires : il n’est pas étonnant de retrouver plus tard certains de ses comédiens dans l’univers de Dario Argento. Flavio Bucci (qu’on reverra notamment dans Suspiria) livre une prestation hallucinée, yeux exorbités et gestes saccadés, tandis que Daria Nicolodi (qui deviendra la muse du maître du giallo) étonne par sa prestation dérangeante – corps soumis à la convoitise des hommes et bouche ostensiblement maquillée d’où s’échappe parfois un rire sardonique. Par ses choix de costumes et décors, La propriété c’est plus le vol regarde la vulgarité en face. Car pour le cinéaste, "d’une certaine manière, la vulgarité est un progrès : les choses se révèlent avec leur vrai visage ; au moins il n’y a plus le grand raffinement qui cache le vide culturel. Aujourd’hui, il faut aller jusqu’au bout, il faut faire comprendre jusqu’à quel point de vulgarité désespérée, de vide, de vacuité, sont arrivés les gens et la vie humaine."
Gildas Mathieu, Critikat

Séances


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