Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

La Rivière rouge (Red River)


de Howard Hawks



CYCLE HOWARD HAWKS • DÉCEMBRE 2014

USA, 1948, 2h07, VOSTF
avec John Wayne, Montgomery Clift, Joanne Dru, Walter Brennan, Coleen Gray, Harry Carey

La Rivière rouge (Red River)
En 1851, Tom Dunson recueille un jeune orphelin, Matt, et s’installe comme éleveur près du Rio Grande. Les années passent et Tom se décide à convoyer, pour le vendre dans le Missouri, un énorme troupeau de bêtes. Matt l’accompagne. Mais la dureté de Tom à l’égard des cowboys sépare violemment les deux hommes… La Rivière rouge se trouve être le premier western de ce réalisateur touche-à-tout. Hawks allait sortir des studios pour tourner en extérieurs et ce nouvel enjeu allait s’avérer aussi difficile pour l’équipe qu’il l’avait été pour les convoyeurs et du même coup les personnages du film. Il ne néglige pas l’aspect documentaire et prend son temps pour filmer le travail quotidien et exigeant des cow-boys et n’hésite pas à laisser au montage une scène de plus de 5 minutes montrant la traversée d'un gué par 9 000 bêtes.

Séances

Vendredi 19/12 19:00
Lundi 22/12 18:30
Vendredi 26/12 20:30



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"Dans le rôle de Dunson, Hawks voyait Gary Cooper, dans celui de Cherry Valance, Gary Grant et pour Matthew, un non-acteur, Casey Tibbs, qui était alors champion national de rodéo. Cooper réagit d’abord fraichement, trouvant Dunson trop dur et antipathique pour être accepté par le public. Hawks était sûr de pouvoir le convaincre, et fut donc très surpris quand Cooper refusa le rôle pour le « western » de Cecil B. DeMille, Unquered…

Charles Feldman, avait l’acteur idéal dans sa manche : un client de longue date, John Wayne, Duke allait avoir trente-neuf ans. Il avait gagné la guerre à l’écran dans une série de films d’action et venait de produire un film pour la première foire,
Angel and the Bad Man à la Republic. Mais il continuait à évoluer vaguement dans la catégorie B+, ne travaillant pas pour des réalisateurs de première catégorie, sauf parfois pour John Ford, dont la trilogie de la cavalerie était encore à venir. Ravi à la perspective de tourner avec Hawks, qu’il connaissait un peu par Feldman et Ford, Wayne ne voyait pas d’objections à la personnalité brutale mais s’inquiétait d’avoir à jouer le rôle d’un homme plus vieux que lui. Hawks lui aurait dit : « Duke, tu vas bientôt être vieux, pourquoi repas t’entraîner ? » et Wayne fut convaincu. Son cachet lui aussi était convaicant : 50 000 dollars pour douze semaine de tournage….

… Malgré leurs efforts, Hawks et Gary Grant n’avaient pu trouver l’occasion de travailler de nouveau ensemble après leur brillante collaboration sur trois films de 1938-1940. Cherry Valance, tel qu’il était écrit à l’origine, aurait été un changement de registre amusant pour Grant, mais le rôle lui parut trop mineur, et il le refusa. N’ayant pas besoin d’une vedette pour le rôle, Hawks se souvint du bout d’essai de John Ireland pour Le Grand sommeil et l’engagea pour un modeste cachet.

Pour les nombreux rôle de cow-boys, Hawks réunit une bande de vieux amis haut en couleur (Walter Brennan, Harry Carey Sr, Paul Fix et Noah Beery Jr), quelques nouveaux venus et le presque inévitable emprunt à la troupe de Ford : Hank Worden. Mais le meilleur rôle était bien sûr Matthew. Diriger un vrai cow-boy comme Casey Tibbs aurait représenté un défi intéressant, mais Hawks commença à se demander si le jeune homme pouvait tenir le coup à côté de Wayne : une chute et un bras cassé mirent fin à la carrière cinématographique de Tibbs avant même qu’elle ne commence.

Hawks du donc chercher ailleurs. Les biographes de Montgomery Clift déclarent que Hawks avait été impressionné par cette jeune vedette de Broadway dans la pièce de Tennessee William et Donald Windham, You touch Me…
… Ce n’est que vers la fin de l’été, peu avant le début du tournage, en septembre qu’Hayward donna à Clift le scénario de
La Rivière Rouge. Un western avec John Wayne était loin d’être ce à quoi Clift s’attendait, mais il comptait facilement tant le potentiel du film pour sa carrière que ses possibilités commerciales.

Hawks n’en pris pas moins sa nouvelle « découverte » en charge comme à son habitude. Son premier soin fut d’exiger que Clift apprenne monter à cheval : « C’est un western, lui dit-il. Si tu ne peux pas te tenir sur un cheval, autant rentrer chez toi. » Clift avait pour habitude de se préparer très sérieusement pour ses rôles et de s’y identifier profondément. Il partit pour l’Arizona et passa trois semaines avec un cow-boy expérimenté, apprenant à monter, à tirer et à se servir d’un lasso."


Extraits de "Hawks, biographie" de Todd McCarthy