Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

La Route au Tabac (Tobacco Road)


de John Ford



CINÉMA D’HIER ET D’AUJOURD’HUI • JANVIER - FÉVRIER 2012

USA, 1941, 1h24, VOSTF
avec Dana Andrews, Ward Bond, Charley Grapewin, Marjorie Rambeau, Slim Summerville
RÉÉDITION

La Route au Tabac (Tobacco Road)
Début des années 1930. La famille Lester, "petits Blancs" du sud des États-Unis, tente de survivre en cette période difficile de Grande Dépression. Impuissants face à la misère qui les entoure, les parents, Jeester et Ada, assistent aux mésaventures de leurs plus jeunes enfants... Un Ford peu connu qui surprend par son relâchement et l’énormité de son trait comique.


"Après le chef-d’œuvre officiel, le petit film mal foutu et caché. En 1940, John Ford réalise
Les Raisins de la colère, un grand film humaniste porté par des acteurs géniaux (Henry Fonda, John Carradine, Jane Darwell) sur la pauvreté extrême et le courage d’une famille qui traverse en une longue odyssée les Etats-Unis pour échapper à la faim. Le film remporte deux oscars et un grand succès.
Un an plus tard, John Ford réalise La Route au tabac, au sujet similaire (une famille pauvre de Géorgie accablée par la Grande Dépression tente de survivre dans les années 30), mais cette fois adapté d’Erskine Caldwell, un romancier beaucoup plus âpre et terrien que Steinbeck. Toute la profondeur et le sérieux du précédent film sont abandonnés pour un ton de grosse farce où alternent les épisodes de défoulement et certains plus contemplatifs, un peu comme un alcoolo se paierait une bonne cuite, pas toujours bien maîtrisée, après s’être concentré sobrement… Le film balance ainsi des scènes d’un comique ahurissant, quasi gênantes par leur façon de se vautrer dans la crudité sans le filtre bonhomme habituel qui donnerait de la rondeur à l’ensemble, et où les acteurs Ward Bond, William Tracy et Charley Grapewin sont en roue libre sous le regard relâché et sans doute brumeux de leur maître… John Ford pousse le bouchon jusqu’à utiliser les deux acteurs les plus citadins et méticuleux du cinéma américain, Dana Andrews et Gene Tierney, transformés en dépit de toute vraisemblance en paysans frustes, amateurs d’échauffourées fangeuses. Les grands cinéastes finissent toujours par se croiser : la même année, dans Swamp Water, Jean Renoir utilisera aussi Dana Andrews dans un rôle terrien, mais de manière infiniment plus fine."
Axelle Ropert, Les Inrockuptibles

Séances

Dimanche 29 janvier 2012 à 18:45
Samedi 4 février 2012 à 19:00
Lundi 6 février 2012 à 18:30