Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Le Grand Sommeil (The Big Sleep)


de Howard Hawks



CYCLE HOWARD HAWKS • DÉCEMBRE 2014

USA, 1946, 1h56, VOSTF
avec Humphrey Bogart, Lauren Bacall, John Ridgely, Martha Vickers, Charles Waldron

Le Grand Sommeil (The Big Sleep)
Le général Sternwood charge Philip Marlowe, détective privé, de mettre fin au chantage dont est victime Carmen, la plus jeune de ses filles. Pour 25 dollars par jour plus les frais, Marlowe se met au travail. Au cours de ses investigations, il rencontre des personnages dont les agissements sont tous plus mystérieux les uns que les autres… "Le Grand sommeil n’est pas le film personnel qu’était Le Port de l’angoisse, mais il reflète la froideur, la ruse, l’insensibilité, la propension érotique et la cruauté qui sont des aspects de la personnalité du réalisateur, idéale pour servir ce genre de matériau." Tod McCarthy.

Séances

Dimanche 21/12 16:45
Mardi 23/12 18:15
Jeudi 25/12 20:30



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"En adaptant le roman policier de Raymond Chandler Le Grand Sommeil, Hawks donna le conseil suivant à ses scénaristes : «  Ne trafiquez pas le roman, contentez-vous d’en tirer un scénario. Le livre est trop bien écrit. » il y avait là quelques chose de délibérément pervers de sa part, et, s’il était sincère, un certain aveuglement, car jamais de toute sa carrière il ne se contenta de transcrire, simplement un texte à l’écran….Il était toujours poussé - par son instinct créateur, son besoin d’imposer sa marque personnelle sur l’œuvre d’un autre, son orgueil, sa vision artistique - à se libérer des contraintes purement littéraires, à raconter une histoire à sa façon, à créer un ensemble organique modelant les talents divers assemblés sur chaque film.

Certes
Le Grand sommeil finit par ressembler à sa source beaucoup plus que ne le fait Le Port de l’angoisse, mais les instructions initiales de Hawks de rester près du roman n’en paraissent pas moins ironiques, car c’est lui, plus que ses scénaristes, qui s’en écarta sur chaque film.

C’est vraiment le film charnière dans la carrière de Hawks. Dans les films suivants, sa technique narrative deviendra plus discursive, plus paresseuse, ses intrigues plus lâches. Comme lui-même le dit plus tard : « J’apprends à mieux connaître les personnages et à les laisser diriger l’intrigue au lieu de laisser l’intrigue les diriger. » On pourrait facilement avancer qu’après Le Grand sommeil les films de Hawks commencent à souffrir d’une certaine négligence dans la construction de l’intrigue, et que leur qualité dépend en grande partie du talent du cinéaste à faire passer ce manque de rigueur grâce à une succession de ce qu’il appelait des « bonnes scènes ». La méthode de Hawks était risquée : c’était marcher avec une corde raide sans le filet que fournit normalement une histoire solide et bien construite. Ce n’est peut-être pas une coïncidence si l’histoire la plus compliquée jamais entreprise par Hawks a entrainé ce changement significatif d’attitude artistique."

Extraits de "Hawks, biographie" de Todd McCarthy