Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Le Port de l'angoisse (To Have or Have not)


de Howard Hawks



CYCLE HOWARD HAWKS • DÉCEMBRE 2014

de Howard Hawks • USA, 1944, 1h40, VOSTF
avec Humphrey Bogart, Lauren Bacall, Walter Brennan, Dolores Moran, Hoagy Carmichael

Le Port de l'angoisse (To Have or Have not)
En 1940, la guerre semble bien loin de Fort-de-France et d’Harry Morgan, propriétaire d’un bateau et guide occasionnel pour de riches touristes. Mais sous la pression du propriétaire de son hôtel et motivé par sa rencontre avec Mary, une belle aventurière désœuvrée, il accepte de faire rentrer clandestinement dans l’île un des chefs de la Résistance…

Séances

Vendredi 26/12 18:30
Mardi 30/12 20:30
Samedi 3/01 21:00
Lundi 5/01 18:30



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"Howard Hawks essaya souvent d’arranger une rencontre entre Ernest Hemingway et William Faulkner. Ces deux grands orgueilleux résistèrent toujours à cette idée, et - pas plus que quiconque - Hawks ne put les réunir autrement qu’au générique de To Have or Have Not (Le Port de l’angoisse). Hawks a souvent prétendu que quand Hemingway avait refusé de travailler à l’adaptation, doutant que le cinéaste soit capable d’en tirer un bon film, il l’avait provoqué par ce sarcasme : « Je le ferai faire par Faulkner, il écrit mieux que vous de toute façon. » Vantardise typique de Hawks, peut-être, mais il ne fait pas de doute qu’il prit un plaisir pervers à faire remanier par son excellent ami l’oeuvre de cet ami plus distant qu’était Hemingway. Toutefois, Hawks était loin de penser à Faulkner quand il s’attaqua pour la première fois au problème que posait l’adaptation du roman En avoir ou pas...
... Sous quelque angle qu’on le considère,
Le Port de l’Angoisse est le film décisif de la carrière de Hawks, celui dans lequel presque tous ses intérêts vitaux se croisent d’une façon ou d’une autre. Les fanatiques de Hawks peuvent discuter sur la différence relative séparant le film de chefs-d’oeuvre comme L’Impossible Monsieur Bébé, His Girl Friday, Seuls les anges ont des ailes ou Rio Bravo. Mais si un spectateur n’aime pas Le Port de l’angoisse, s’il n’est pas, si l’on peut dire, « converti » par le film, il est douteux qu’il le sera par aucun autre.
Les spécialistes de Hawks peuvent aussi prendre en exemple la méthode de tournage du film, tout autant que son résultat, comme le parfait exemple de la politique des auteurs en action. Le réalisateur sur ce film était entouré de créateurs artistiques puissants : peut-être les deux plus grands romanciers américains de la premiere moitié du siècle, un scénariste à l’individualité très marquée, une vedette à l’image indélébile, et un studio qu’on pouvait considérer comme ayant la plus forte « personnalité » de l’industrie cinématographique. Et pourtant Howard Hawks sut plier toutes ces forces exceptionnelles à sa volonté propre pour leur faire exprimer la quintessence de sa propre vision du monde. Quelle que soit l’importance, dans Le Port de l’angoisse, des éléments provenant d’Hemingway, de Faulkner, Casablanca, voire de Conrad et de Sternberg, quelles que soient les exigences du cinéma hollywoodien commercial, le film reste, sans l’ombre d’un doute, très exactement l’oeuvre que son réalisateur a voulue, et aurait été quelque chose d’entièrement différent entre les mains d’un autre."


Extraits de "Hawks, biographie" de Todd McCarthy