Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Le Quartier du corbeau (Kvarteret Korpen)


de Bo Widerberg



CINÉMA D'HIER ET AUJOURD'HUI • JUIN 2015

Suède, 1963, 1h41, VOST
avec Thommy Berggren, Keve Hjelm, Emy Storm
NUM • VERSION RESTAURÉE

Le Quartier du corbeau (Kvarteret Korpen)
L’action de ce film se déroule en 1936, au moment où le nazisme apparaît comme une menace de plus en plus prégnante. Le cinéaste nous plonge dans la vie d’un quartier ouvrier de Malmö : des jeunes gens désœuvrés tapent dans un ballon, les enfants chahutent et les adultes vaquent à leurs occupations. Anders vit dans ce quartier entre un père fanfaron et alcoolique et une mère dévouée. Le jeune homme rêve de devenir écrivain et envoie son manuscrit à Stockholm.




Séances

Dimanche 14/06 14:15
Mardi 16/06 21:00
Samedi 20/06 19:00
Mardi 23/06 19:00




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"Ce qui frappe immédiatement dans Le quartier du corbeau, c’est l’influence exercée par la "nouvelle vague" française sur ce film : tournage en extérieur, effets de réalisme, vélocité d’un montage heurté, inclinaison pour filmer les états d’âme de la jeunesse… Bien que situé dans un passé alors assez proche, Widerberg évite toute reconstitution et opte pour un style capable de saisir sur le vif la vie de ce quartier.
Mais à l’inverse de la "nouvelle vague française" à qui l’on reprocha sa frivolité et son apolitisme (accusation qui mériterait, entre parenthèses, d’être fortement nuancée), Widerberg inscrit sa chronique dans un contexte social fort qui le situe peut-être davantage du côté des jeunes gens en colère du "free cinema" anglais (Richardson, Reisz…). La liberté du filmage contraste de fort belle manière avec un univers clos et étouffant d’où l’on ne sort que les pieds devant. C’est sans doute le sens de cette scène très forte de la mort d’un enfant qui ne se plaignait jusqu’à présent que de maux de ventre. Ce que montre Widerberg, c’est un monde ouvrier qui n’a pas accès aux soins et où un gosse peut encore mourir de péritonite. De la même manière, pour la famille d’Anders, c’est une lutte de tous les jours pour grappiller le peu d’argent qui lui permettra de payer le loyer et de manger.
Sans concession, le regard de Widerberg évite pourtant toujours le misérabilisme pour faire sourdre une révolte plus larvée : révolte générationnelle de cet adolescent écrivain qui veut s’extraire de son milieu et révolte de classe d’un monde ouvrier qui risque de succomber aux sirènes du nazisme. Là encore, Le quartier du corbeau fonctionne par contrastes, par oppositions : à la légèreté de certaines scènes en famille (notamment lorsque Anders apprend qu’il a obtenu un rendez-vous avec un éditeur) succède l’étouffement d’un milieu familial qui se disloque parce que le père sombre dans l’alcoolisme.
(…) Drame "social",
Le Quartier du corbeau est un film porté par une certaine rage d’en découdre avec la pauvreté et l’injustice mais qui évite les écueils du film militant en étudiant des comportements individuels qui recèlent tous une certaine part d’ombre et de lourds secrets."
Vincent Roussel, culturopoing.com