Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Les Ascensions de Werner Herzog (La Soufrière / Gasherbrum)


de Werner Herzog



RÉTROSPECTIVE WERNER HERZOG • MARS 2015


Gasherbrum - La Montagne lumineuse
Gasherbrum - La Montagne lumineuse
La Soufrière
Allemagne, 1977, 30 min, VOSTF, documentaire
VERSION RESTAURÉE • INÉDIT

Herzog se rend sur l’île de la Guadeloupe alors que le volcan de La Soufrière, toujours en activité, menace d’entrer en éruption et de détruire une partie de l’île. Le cinéaste ne veut pas filmer la fureur du volcan mais partir à la rencontre d’une poignée d’habitants qui ont refusé de quitter la Basse-Terre. Herzog veut comprendre pourquoi ils refusent d’être évacués au risque de leur vie.


précédé de Gasherbrum - La Montagne lumineuse • All., 1985, 45 min, VOSTF, doc.
VERSION RESTAURÉE • INÉDIT
Reinhold Messner est une légende de l’alpinisme. En juin 1984, Herzog le suit alors qu’avec son acolyte Hans Kammerlander il se lance dans un nouveau pari : faire l’ascension en une seule expédition de deux des sommets de la chaîne Gasherbrum, situés respectivement à 8068 et 8035 mètres. Messner a déjà fait des deux ascensions mais les enchaîner ainsi sans retour au camp de base est un exploit inédit… Herzog trouve chez l’alpiniste de nombreux éléments qui résonnent avec ses propres préoccupations, si bien que Gasherbrum prend parfois des allures d’autoportrait.


"On retrouve le familier paradoxe d’une nature magnifiée malgré une mise en scène naturaliste, voire parodiquement entomologiste, et la mise en place immédiate d’un univers proche de l’extraordinaire. Le cinéaste allemand est un cas singulier de poursuite de la tradition expressionniste. Si on retrouve parfois des sublimations, surtout dans les fictions (musique, cadres, plus rarement montage), l’extraordinaire est passé dans les sujets que la caméra enregistre sobrement : acteurs ou personnages fous, physiquement monstrueux, nature exubérante, violente, animaux hors du commun. Herzog poursuit un expressionnisme du réel.(...) On aime dire que Herzog est un aventurier, qu’il se met en danger à dessein. Mais s’il a souvent pris des risques, sur la Soufrière comme ailleurs, ce n’est sans doute pas du tout pour les mêmes raisons que ses personnages : ce n’est sans doute ni une pulsion de mort, ni une pulsion de puissance. C’est pour retrouver ce qu’il a nommé la « vérité extatique » : cet élément indéfinissable, invisible, supérieur au réel, que l’on retrouve dans l’art, et dans les situations extrêmes. L’ascension d’une montagne, le péril de la mort sont des faits objectifs, la perturbation des sens, la perturbation de la perception de soi et du monde qui en résultent se transmettent plus difficilement. Herzog, derrière Messner comme derrière Timothy Treadwell dans Grizzly Man, derrière un condamné à mort, derrière Kinski, ne cherche rien moins qu’à en fixer l’image, manière peut-être de mieux comprendre cette ivresse d’être humain : pouvoir se figurer sa propre mort. Manière aussi d’être, malgré le prosaïque des images, un poète."
Camille Pollas, Critikat


"Dans La Soufrière (1976), il s'approche de ce volcan de la Guadeloupe au moment où son explosion, d'ampleur nucléaire, menace. La ville de Basse-Terre a été évacuée, on n'y voit que des chiens qui rôdent ou des chiens crevés. Filmant ces images dignes d'une superproduction de science-fiction, Herzog semble le « dernier des hommes », prêt à faire face à la fin du monde avec sa caméra. Et puis le volcan n'explose pas et le cinéaste se retrouve auteur, selon ses mots savoureux, d'« un film sur une catastrophe inévitable qui n'a pas eu lieu »...
Dans
Gasherbrum, la montagne lumineuse (1984), il s'approche cette fois de l'Himalaya, en compagnie de l'alpiniste Reinhold Messner. Un homme de défis en qui il se reconnaît. Tous deux évoquent le même idéal : marcher jusqu'au bout du monde. Exploit physique et visions métaphysiques se confondent. Lorsque Messner parle de son rapport aux formes des sommets, aux lignes des parois rocheuses, Herzog filme un possédé qui fait de la montagne une expérience esthétique, comme lui fait du cinéma un art qui repousse les limites. Une folie inquiétante passe dans ces documentaires. Mais aussi le frisson d'une confrontation au monde, exaltante."
Frédéric Strauss, Télérama

Séances

Mercredi 4/03 20:45
Dimanche 8/03 14:30
Samedi 14/03 19:00