Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Lulu Femme nue


de Solveig Anspach



CARTE BLANCHE CATHERINE CAVELIER • OCTOBRE 2014

France, 2014, 1h27
NUM

Lulu Femme nue
A la suite d’un entretien d’embauche qui se passe mal, Lulu décide de ne pas rentrer chez elle et part en laissant son mari et ses trois enfants. Elle n’a rien prémédité, ça se passe très simplement. En chemin, elle va croiser des gens qui sont, eux aussi, au bord du monde. Trois rencontres décisives qui vont aider Lulu à retrouver une ancienne connaissance qu’elle a perdu de vue : elle-même.



Séances

CINÉ VENDREDI • vendredi 17 octobre • 14:15
priorité adhérents AGORA Derv, ACCOORD et Ciné Femmes

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Solveig Anspach, diplômée de la FEMIS, présentait à Nantes en 1990 lors du 9ème Festival de Films de Femmes, son deuxième court métrage Par amour.


"Sólveig Anspach est une cinéaste qui nous surprend à chaque film. Tant les choix de ses sujets sont divers et traités avec un ton très personnel. Depuis plus de vingt ans, à la fois réalisatrice de documentaires et de films de fiction, Sólveig Anspach nous aura baladés dans de nombreux endroits en compagnie de personnages fantasques, touchants ou hors du commun. Que ce soit dans Haut les cœurs (1998) comme dans son précédent film Queen of Montreuil (2012) en passant par son téléfilm Louise Michel, la rebelle (2010).


Ici la cinéaste franco-islandaise adapte la bande dessinée d’Étienne Davodeau La Lulu qu’elle met en scène est assez différente de la Lulu de l’auteur de la BD, mais les deux Lulu ne s’opposent pas.
Lulu, femme nue démarre gravement. On voit une femme d’une quarantaine d’années (Karin Viard) en train de subir un entretien d’embauche de secrétaire. Elle n’a pas travaillé depuis la naissance de sa fille de dix-sept ans et a la volonté violente de se remettre au boulot après avoir élevé ses trois enfants. Elle tombe sur un jeune cadre dynamique et fieffé mufle – qui s’empresse de l’humilier en lui disant qu’elle devrait plutôt aider son mari garagiste, qu’elle est en fait trop vieille et que d’ailleurs elle ne sait pas s’habiller… Au téléphone, son non moins goujat de mari lui dit en quelque sorte ne pas être étonné qu’elle n’ait pas été embauchée, car en fait elle a certainement dû dire des « conneries »… 
C’est le coup de blues. Pas question de rentrer au bercail. Lulu décide sans décider de se laisser aller à l’aventure, de s’offrir une parenthèse plus ou moins enchantée dans une station balnéaire vendéenne en plein hiver. Et cela nous vaut de belles rencontres avec des personnages paumés, drôles et tendres. Ainsi Lulu retrouve le plaisir sexuel avec Charles (Bouli Lanners), un mec style gros nounours, au passé un peu louche, toujours flanqué de ses deux frères. Une sorte de savoureux trio de Pieds Nickelés. Devant son « homme », elle se baigne nue dans l’eau froide, retrouve une nouvelle ardeur. Mais elle ne se contente pas de cette rencontre, elle se prend d’affection pour Marthe (Claude Gensac), une vieille dame délicieuse dont elle a essayé au passage de dérober le porte-monnaie. Le duo fonctionne parfaitement. Lulu vole aussi au secours d’une jeune serveuse de bar persécutée par sa patronne.
Elle finira par retourner sans entrain (mais avec Marthe) dans son foyer familial. Mais rien ne sera plus comme avant. Abattue en partant, Lulu revient rayonnante, conquérante. Elle aura grandi aux yeux de sa fille. Elle liquidera le mari qui décidément n’a toujours rien compris. Quant au nounours, sur le chemin du retour, il attend son heure…
Sólveig Anspach nous offre avec cette Lulu, femme nue un film vivifiant et des personnages truculents. L’interprétation est impeccable. Karin Viard exprime avec une grande délicatesse ce personnage d’une Lulu qui passe par une gamme étendue de sentiments. Bouli Lanners est un parfait bonhomme fracassé et au cœur tendre. Après avoir été très remarquée dans le film Elle s’en va d’Emmanuelle Bercot, avec Catherine Deneuve, Claude Gensac campe une vieille dame pas complètement indigne, mais merveilleusement malicieuse ."

Jean-Claude Arrougé, À voir à lire