Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Morocco


de Josef von Sternberg



CINÉMA D'HIER ET AUJOURD'HUI AVRIL-MAI 2016

USA, 1930, 1h32, VOSTF
avec Marlene Dietrich, Gary Cooper, Emile Chautard
NUM • VERSION RESTAURÉE

Morocco
À Mogador où séjourne la Légion étrangère une chanteuse de cabaret est aimée par un richissime peintre et un légionnaire sans le sou... Au delà de l’exotisme d’époque lié à l’image de la Légion étrangère que Sternberg ne voulait absolument pas réaliste (il refusa d’aller tourner au Maroc), un film sobre et flamboyant sur l’amour fou. On n’est qu’en 1930 et le muet semble ici bien loin grâce à la qualité des dialogues laconiques, simples et efficaces, s’appuyant sur un récit elliptique concis et maîtrisé. Sorti aux USA avant L’Ange bleu, ce film offre à Marlène Dietrich une entrée en scène fracassante où s’impose d’emblée le personnage tel que Sternberg le modèlera dans plusieurs films : provocatrice, sensuelle, libre et aimante.

""Il y a aussi une Légion étrangère pour les femmes. Sans médailles pour nos bravoures, ni récompenses pour nos blessures." C'est ce que dit Marlene Dietrich au beau légionnaire dont elle est tombée amoureuse au premier regard et qui, elle le sait, est la dernière marche de sa longue chute vers le néant. Dans un Maroc extravagant où la voix du muezzin ressemble à celle d'un baryton-basse chez Verdi, Sternberg, pour son premier film américain, filme une tragédie quasi racinienne, où trois personnages, élégants et beaux, s'aiment à contretemps. L'homme riche sacrifie tout à cette femme qui l'embrasse avant de le quitter à jamais, mais ne peut s'empêcher de suivre, dans le désert où il s'enfonce, un homme qui, par orgueil, refuse de lui dire les seuls mots qu'elle attend. Tout est admirable dans ce film hautain et brûlant qui a inspiré bien des cinéastes : Françoise Fabian poursuivant Raphaël le Débauché dans les bouges de Michel Deville et Alida Valli guettant Farley Granger dans le Senso de Visconti sont, à l'évidence, les soeurs de cette Marlene qui, accompagnée de travellings somptueux, cherche son bien-aimé parmi des légionnaires survivants... Sternberg s'amuse à intervertir les sexes : c'est Marlene, en frac, qui embrasse une fille sur la bouche et drague Gary Cooper, lequel, fleur à l'oreille, est filmé comme objet de désir insaisissable. Le dialogue, rare, entrecoupé de silences qui ressemblent à des passes d'armes, ajoute encore à l'épure. Une splendeur." Pierre Murat, Télérama

Séances

dimanche 24/04 18:30 - - lundi 25/04 18:30 - - mercredi 27/04 14:30
samedi 30/04 15:00 - - mardi 3/05 20:30