Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Sergent York (Sergeant York)


de Howard Hawks



CYCLE HOWARD HAWKS • DÉCEMBRE 2014

USA, 1941, 2h14, VOSTF
avec Gary Cooper, Walter Brennan, Joan Leslie, George Tobias, Stanley Ridges

Sergent York (Sergeant York)
Alvin York est un jeune paysan du Tennessee, buveur et bagarreur, qui, à la suite d’une illumination, découvre la foi et se convertit au pacifisme. En 1917, alors que les États-Unis entrent dans la Grande Guerre, York est mobilisé et, en dépit de ses convictions, participe en France à l’offensive du front de l’Argonne… Dans Sergent York plus que dans tout autre film, Hawks du se plier à des contingences biographiques et historiques qui lui laissaient peu de place pour manoeuvrer à sa guise. Cependant tourné en moins de 6 mois, il renforça le standing de Hawks dans l’industrie cinématographique.

Séances

Dimanche 21/12 21:00
Jeudi 25/12 18:00



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"... Néanmoins, si le style Warner fait une nouvelle fois preuve de sa redoutable efficacité, certains en oublieraient presque le rôle joué par Howard Hawks. Le cinéaste avait déjà abordé le sujet de la guerre avec Les Chemins de la gloire, l’un de ses films les plus sombres où son style transparaissait dans chacun des plans. Avec Sergent York, l’approche est fondamentalement différente : ici Hawks et le studio n’ont pas comme objectif de dénoncer la guerre mais de décrire un héros susceptible de fasciner le public. Au début du récit, il est vrai que le Sergent n’est pas un personnage purement ‘hawksien’. Prisonnier de la personnalité naïve d’Alvin York à laquelle il doit rester fidèle, Hawks ne peut prendre beaucoup de libertés. Mais, dès lors qu’il intègre l’armée, son personnage fait preuve d’un grand professionnalisme, s’insère parfaitement au groupe, devient un ‘chasseur ultime’ et, d’une certaine manière, enfile enfin l’armure ‘hawksienne’ !

…Avec un salaire fixé à 150 000 dollars par film, Gary Cooper est considéré en 1940 comme l’une des stars les mieux payées des studios. Sa popularité est immense et dépasse déjà les frontières du nouveau continent. Républicain de cœur mais partisan de l’intervention des ‘boys’ en Europe, ‘Coop’ endosse l’uniforme du Sergent York ! Si sa prestation lui vaut encore tant de louanges, il ne les doit pas seulement à la ferveur patriotique qui régnait au début des années 40. Comme nous l’avons souligné, incarner Alvin York ne se résume pas à jouer les héros sur un champ de bataille. Le film a pour objectif de montrer l’évolution d’un homme considéré d’abord comme un vulgaire renégat, puis comme un fervent chrétien, un objecteur de conscience et enfin un soldat exemplaire. Pour ce faire, Cooper interprète ces différentes facettes du personnage avec le plus grand naturel. Il se montre notamment capable d’incarner la naïveté de York sans jamais tomber dans le moindre cabotinage. Pendant toute la première partie du film, il joue énormément avec son corps et donne l’impression d’être handicapé par sa grande carcasse. Même lors de la séance de tir dans le camp militaire, il semble mal à l’aise, en retrait, sur la défensive. Au final, ce n’est que lorsqu’il est en contact avec l’adversité qu’il devient redoutable. Sur le champ de bataille, le ‘redneck’ un peu gauche se transforme en une véritable machine de guerre. Regard à l’affut, corps déployé, il prend l’allure d’un fauve lâché dans l’arène... Par ailleurs, Cooper sait parfaitement rendre compte des doutes qui assaillent York. Objecteur de conscience, le jeune homme est tiraillé entre sa morale religieuse et sa raison. Lorsqu’il fait son choix (lors de la fameuse scène sur le rocher), Cooper ne donne jamais l’impression de forcer le trait. Sa décision paraît évidente et le nœud dramatique constitué par cette scène se délie alors sans la moindre emphase. Récompensé par un Oscar, Cooper viendra chercher la statuette dans les mains de son ami James Stewart et déclarera avec une gaucherie rappelant son rôle : ‘C’est le Sergent York qui remporte cet Oscar. Parce que, j’ai essayé de mon mieux de le lui ressembler -silence- C’est fou, je suis dans le business depuis 16 ans et souvent j’ai rêvé que j’allais emporter cette récompense. C’est tout ce que je peux dire -silence- Ce qui est drôle c’est que lorsque j’en rêvais je faisais un bien meilleur discours !"

Extraits de "Hawks, biographie" de Todd McCarthy