Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Seuls les anges ont des ailes (Only Angels have wings)


de Howard Hawks



CYCLE HOWARD HAWKS • DÉCEMBRE 2014

USA, 1939, 2h01, VOSTF
avec Cary Grant, Jean Arthur, Richard Barthelmess, Rita Hayworth, Thomas Mitchell, Allyn Joslyn

Seuls les anges ont des ailes (Only Angels have wings)
Barranca, un port bananier au pied de la cordillère des Andes. Un petit groupe d’aviateurs prend de gros risques pour assurer le transport du courrier. Geoff Carter, qui dirige cette équipe de casse-cous, ne voit pas d’un très bon œil l’arrivée d’une jeune et jolie danseuse de music-hall, Bonnie Lee…

Séance unique

Dimanche 4/01 18:30


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"Le microcosme créé par Hawks dans Seuls les anges ont des ailes a été défini comme « un domaine d’adolescent », un « port d’opérette » ….. « sans contact avec la réalité, comme le pays des Hobbits de Tolkien ». On l’a aussi décrit comme une « tragédie racinienne », une « lutte primitive » dans laquelle « Gary Grant semble presque le grand prêtre d’une sorte de temple sartrien », « une société hermétique, autosuffisante avec ses propres valeurs » où Hawks trouve un décor « idéal pour l’expression de sa métaphysique ». Le film est effectivement tout cela - selon qu’on le prenne plus ou moins au sérieux. Le critique Dave Kehr est convaincant quand il propose le film comme représentant « le point d’équilibre » de la carrière de Hawks. « Les thèmes qu’il développait pendant les années trente atteignent ici une clarté et une maîtrise d’expression parfaites, sans exprimer encore les préoccupations plus sombres qui hanteraient ses films des années quarante et cinquante ». Il est également exact que, dans Seuls les anges ont des ailes, Hawks est à son apogée comme cinéaste commercial pourvoyeur de divertissement et comme philosophe et artiste poète intuitif. Même ceux qui ne peuvent prendre le film au sérieux sont obligés de reconnaître sa verve cynique, son rythme et son suspense, sans oublier l’attrait considérable de Gary Grant, dont la présence n’a jamais été aussi fascinante, et qu’i n’a jamais si pleinement exprimé le côté sombre et âpre de sa personnalité…

…Pour les critiques
Seuls les anges ont des ailes est une mine riche dans l’oeuvre de Hawks Il sait ramener à 24 heures une action qui à l’origine durait des semaines, il condense et réduit à l’essentiel, il exprime par le geste, les objets, la composition, il suggère obliquement ce qui en d’autres mains serait grossièrement évident - tout cela, il ne l’a jamais réalisé avec un plus grand savoir-faire .

Ses notions adolescentes sur le stoïcisme et le refus de craindre la mort sontplus clairement exprimées ici que dans n’importe quel autre de ses films. Aucun des personnages de ses films ultérieurs ne vit aussi continuellement dans l’ombre de la mort, et il n’existe aucune autre scène qui exprime aussi sobrement le déni entêté de la mort que le fameux échange (« Joe, qui c’est ? ») après l’accident dont Joe est victime. L’importance de l’intégration de l’individu au groupe est exprimée ici avec une perfection que Hawks, par la suite, a parfois égalée mais n’a jamais surpassée. Compte tenu de la pureté avec laquelle il exprime les attitudes de son auteur et de sa personnalité, sa tendance quasi existentielle et secrètement romantique à affirmer l’importance de la définition de l’individu face au vide obscur du monde extérieur
, Seuls les anges ont des ailes mérite entièrement d’avoir été qualifié par le critique Robin Wood, de « chef d’œuvre complètement achevé »."
Extraits de "Hawks, biographie" de Todd McCarthy