Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Voyage à Tokyo (Tokyo monogatari)


de Yasujiro Ozu



CINÉMA D'HIER ET D'AUJOURD'HUI • SEPTEMBRE 2013

Japon, 1953, 2h15, VOSTF
avec Chishu Ryu, Chieko Higashiyama, Setsuko Hara
VERSION RESTAURÉE • ITINÉRAIRE NANTES - JAPON

Voyage à Tokyo (Tokyo monogatari)
Un couple âgé entreprend un voyage pour rendre visite à ses enfants. D’abord accueillis avec les égards qui leur sont dus, les parents s’avèrent bientôt dérangeants. Seule Noriko, la veuve de leur fils mort à la guerre, trouve du temps à leur consacrer. Les enfants, quant à eux, se cotisent pour leur offrir un séjour dans la station thermale d’Atami, loin de Tokyo. Ozu construit ses histoires et ses personnages avec minutie et parvient à toucher profondément le spectateur. Plan après plan, le cinéaste prend le temps nécessaire pour faire ressentir l’inexorable : la vieillesse, l’éloignement, l’abandon des mœurs traditionnelles, la mort.

"Tout ne baigne pas dans le bonheur et l’harmonie au sein des familles pressurisées par le “miracle économique” japonais de l’après-guerre. Fils et fille sont occupés par leur travail et leurs propres enfants. Tournés vers le présent et l’avenir, ils n’ont pas le temps, ni peut-être le désir, de s’occuper de leurs vieux parents.
Mélo en sourdine antifamilialiste,
Voyage à Tokyo serait-il un éloge réactionnaire de la vieillesse ? Non, parce qu’Ozu ne filme pas sur un ton dénonciateur, revendicatif ou définitif. Sa modernité (ou sa nipponité ?) réside dans sa délicatesse de style, un mélange de douceur et d’acuité qui respecte chaque personnage dans toutes ses raisons.
Ainsi, la génération des quadras semble froide, matérialiste, mais Ozu leur accorde aussi du temps pour que l’on comprenne leur situation. Parmi eux, la bru, veuve d’un autre fils décédé du vieux couple, se montre attentionnée, parce qu’elle a plus de temps disponible : ce personnage atteste que le cinéaste ne condamne pas une génération. Plutôt que l’essence des êtres, Ozu dénonce (à voix feutrée) le contexte socio-économique du Japon, qui modèle les gens et déchire l’ancien modèle familial. Empreint d’un certain fatalisme,
Voyage à Tokyo saisit avec finesse la solitude de la vieillesse mais semble l’inclure dans un cycle inhérent à l’existence."
Serge Kaganski, Les Inrockuptibles

Séances

Dimanche 15 septembre 2013 à 16h30
Lundi 16 septembre 2013 à 18h30
Mercredi 18 septembre 2013 à 18h
Dimanche 29 septembre 2013 à 20h30