Le Cinematographe
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Dispositifs scolaires

Alamar

Pedro González-Rubio


Mexique, 2010, 1h16, VOSTF
avec Jorge Machado, Roberta Palombini, Natan Machado, Nestor Marin "Matraca", Garza Silvestre

Collège au Cinéma 2013/14 - 1er trimestre - 6e/5e

Alamar
Alamar commence sur une fausse piste : le récit de la séparation des parents du jeune Natan, cinq ans. Jorge et Roberta ne sont pas parvenus à s’accorder sur leur lieu de résidence ; romaine, sa mère aime trop le monde moderne, tandis que son père mexicain – on le comprend lorsque l’on voit son île natale – ne saurait s’accommoder de la grisaille européenne. Fausse piste, pourtant, que cette explication de leur rupture et de ses conséquences. Car c’est à une toute autre aventure que le cinéaste, issu du documentaire et inspiré par ses techniques, nous invite dans cette fiction très peu mise en scène. Dès que le garçon, en vacances, débarque avec son père dans l’île où vit le grand-père, le film trouve son cap, d’une désarmante simplicité : tout y est déterminé par la singularité géographique de Banco Chincharro, un magnifique atoll de la côte caribéenne du Mexique. Cet îlot de nature ne s’offre pas seulement en terrain de jeux au garçonnet, il est surtout la scène d’un apprentissage, d’une transmission entre trois générations.

"Ces quelques jours partagés font un moment lumineux dont le jeune réalisateur mexicain Pedro Gonzalez-Rubio fait un film tout aussi lumineux, d'une fugitive sérénité.
Tourné avec des moyens légers, en vidéo numérique
, Alamar renvoie aux origines du cinéma, aux opérateurs Lumière, qui faisaient surgir les histoires de la vie quotidienne, à Robert Flaherty, qui tressait la fiction et le documentaire de l'Arctique à la Polynésie. La trame dramatique du film, assez lâche pour accueillir la vie qui passe sur la mer, est invention, même si Jorge et Natan Machado sont bien père et fils.
(...) La brièveté du film, l'inexpérience des acteurs de circonstance font que cette représentation de la paternité n'est qu'une esquisse. Et pourtant elle est tracée avec un tel bonheur d'expression cinématographique qu'on n'en a rarement vu d'aussi juste.
Ce n'est pas la seule dimension de ce grand petit film.
Alamar ramène aussi la fragilité du bonheur familial à la fragilité du monde qui l'abrite. La barrière de corail mexicaine est menacée. A moins d'un miracle, ce beau film sera dans quelques années ce que le Nanouk, de Flaherty, est aujourd'hui au mode de vie des Inuits du siècle dernier, la trace de vies disparues."
Thomas Sotinel, Le Monde