DEAD MAN
De quoi est-elle faite cette expérience qui consiste à se trouver "hors", au double sens d’un au-delà et d’une extériorité ? Et comment le cinéma s’en saisit-il ? Se placer hors c’est tout d’abord se situer dans l’extériorité au territoire, au-delà des frontières qui le bordent et le bornent. C’est ainsi faire l’épreuve du franchissement, et prendre le risque (ou la chance) d’une forme de déracinement, de dépaysement – qui n’exclut pas la possibilité de nouveaux ancrages. Les "hors-lieux" par exemple, produits de l’extraterritorialité vécue par les exilés, ne sont-ils pas encore des lieux ? Dans des sociétés où la mobilité et la connexion occupent une place centrale, c’est aussi faire l’expérience d’une déconnexion des réseaux omniprésents au sein de nos espaces de vie – ce qui ne signifie pas seulement l’assignation à résidence ou la réclusion, mais aussi la possibilité d’expérimenter des chemins de traverse.
Dès lors, une singulière géographie se dessine "en creux". Sans doute le cinéma offre-t-il des prises précieuses pour saisir ce qui échappe aux regards paresseux comme aux concepts usités : des réalités peu visibles ou peu lisibles, que l’image peut donner à voir à la fois par ce qu’elle cadre et par ce qu’elle suggère – le "hors-champ" n’invite-t-il pas l’imagination ? Comment penser depuis l’extérieur ? Que nous apporte ce décalage ?
On le pressent, ces questions d’extériorité et d’invisibilité recèlent des enjeux politiques profonds. A la fois parce qu’il s’agit de considérer des formes de marginalité, de mise à l’écart (volontaire ou subie) du jeu social – ce qui pose la question de la dimension inclusive des sociétés urbaines contemporaines ; mais aussi parce que se penser et se placer à la marge, constitue une des voies possibles pour expérimenter des devenirs possibles, singuliers ou collectifs et jouer de différentes formes de règles et de conventions – le "hors-jeu" ne fait-il pas aussi partie du jeu lui-même ?
OCTOBRE 2019
Braguino de Clément Cogitore
NOVEMBRE 2019
Au fil du temps de Wim Wenders
Below Sea Level de Gianfranco Rosi
JANVIER 2020
Dead Man de Jim Jarmusch
Dès lors, une singulière géographie se dessine "en creux". Sans doute le cinéma offre-t-il des prises précieuses pour saisir ce qui échappe aux regards paresseux comme aux concepts usités : des réalités peu visibles ou peu lisibles, que l’image peut donner à voir à la fois par ce qu’elle cadre et par ce qu’elle suggère – le "hors-champ" n’invite-t-il pas l’imagination ? Comment penser depuis l’extérieur ? Que nous apporte ce décalage ?
On le pressent, ces questions d’extériorité et d’invisibilité recèlent des enjeux politiques profonds. A la fois parce qu’il s’agit de considérer des formes de marginalité, de mise à l’écart (volontaire ou subie) du jeu social – ce qui pose la question de la dimension inclusive des sociétés urbaines contemporaines ; mais aussi parce que se penser et se placer à la marge, constitue une des voies possibles pour expérimenter des devenirs possibles, singuliers ou collectifs et jouer de différentes formes de règles et de conventions – le "hors-jeu" ne fait-il pas aussi partie du jeu lui-même ?
OCTOBRE 2019
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Dead Man de Jim Jarmusch
Émission radio • Des trains dans la nuit
Écoutez "Des trains dans la nuit", l'émission radio du Cinématographe, consacrée pour son deuxème épisode à cette programmation, en compagnie de Bruno Duquenne et Laurent Devisme.