Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CONTRECHAMP

CONTRECHAMP 5 LES MISCELLANÉES CINÉMA




PROGRAMMATION AVRIL 2007

CONTRECHAMP 5 LES MISCELLANÉES CINÉMA

LE BERNARD L'ERMITE

De Jean Painlevé
France, 1927, 14 min

Vie et mœurs du Bernard par le pionnier du cinéma scientifique.

Réalisateur, scénariste et compositeur, Jean Painlevé (1902-1989) est l’un des grands représentants du cinéma documentaire scientifique. Il présente en 1923 devant l’Académie des sciences un court-métrage sur le développement de l’œuf d’épinoche. L’accueil des académiciens est plutôt froid. Jean Painlevé comprend alors qu’il doit s’adresser au plus grand nombre et va ainsi développer un cinéma documentaire scientifique de vulgarisation. Ainsi naît tout une série de films marquants pour cette forme de cinéma documentaire (La Pieuvre, Les Oursins, La Daphnie, Les Crabes, Les Crevettes, Le Bernard l’ermite…). Il est également le fondateur en 1930 de l’Institut de Cinématographie Scientifique. Cette petite citation de Jean Painlevé permettra de comprendre ses ambitions : ''Le cinéma est au service de la science en la rendant plus claire et accessible à un plus grand nombre et en multipliant ou amplifiant ses résultats.''

ROOLER GAB

De Raphaël Zarka
France, 2004, 7 min

Une descente en lacets dans la garrigue entre Nîmes et Montpellier.

« Photographier, ce n'est pas quelque chose qui va de soi, je suis absolument étranger à la logique de "l'instant décisif". Les seules choses que je m'autorise à photographier, ce sont des objets tellement immobiles qu'ils sont presque "naturellement" à l'état de photographie. Les Formes du repos sont des photographies au carré. Il en va de même de la roue en parpaings qui n'est que la sculpture d'une sculpture. J'ai repris, au sens musical du terme, une œuvre de l'artiste brésilien Iran Do Espirito Santo : un cercle taillé dans un mur en briques. Cette œuvre, comme beaucoup d'autres dans l'art contemporain, fonctionne sur le modèle de la partition musicale ou de la recette de cuisine ; si je te dis "une roue taillée dans un mur de briques", tu as déjà une image dans la tête. C'est une œuvre "allographe", qui peut aussi bien être réalisée par l'artiste que par un autre. J'ai rendu effectif ce mode de fonctionnement qui, dans l'art contemporain, n'est finalement que théorique. Bien sûr je n'ai pas fabriqué cette roue pour illustrer une idée. C'est quelque chose que j'aurais pu, que j'aurais dû faire... D'ailleurs, une même œuvre, prise dans le contexte du travail d'un artiste ou d'un autre n'a plus forcément le même sens. Pour moi c'est tout simplement un oxymore de l'immobilité en mouvement. C'est en ce sens que j'avais suggéré à Albert Asthom de reprendre dans le communiqué de presse de l'exposition chez Vasistas le passage du livre de Cyrano de Bergerac (L'Autre monde ou les états et empires de la lune) où il décrit une ville roulante. Dans la vidéo que j’ai présenté au Frac Languedoc-Roussillon (Rooler Gab), comme dans la vidéo du Pentacycle c'est toujours ce même point qui est essentiel (d'ailleurs les règles sous-jacentes à ces deux vidéos sont les mêmes). Il ne s'agit pas de n'importe quelles ruines, ce n'est pas une maison ou un bunker, ce sont des espaces qui étaient dédiés au mouvement, à la vitesse même. Mais pour filmer leur immobilité, j'ai besoin de fixer un étalon. L'étalon, c'est le mouvement en fonction duquel se mesure l'immobilité. L'étalon, c'est le chien, le Pentacycle. » Raphaël Zarka, entretien avec Cécilia Bécanovic, Offshore, 2004

L'ABSIDE, LA CLOCHE ET L'ANTILOPE

De Aurélien Froment
France, 2005, 30 min

Une visite guidée d’Arcosanti, le projet que l’architecte Paolo Soleri a initié dans le désert d’Arizona.

Arcosanti est ''l’œuvre de toute une vie de l’architecte Paolo Soleri'', selon Roger Tomalty, notre guide dans le film. L’abside est un dôme, qui accumule de l’énergie en hiver et régule la chaleur dans la saison chaude. Les cloches sont fabriquées sur le site et vendues afin de financer la construction du bâtiment. L’antilope profite des herbes fraîches qui repoussent après un incendie. L’Abside, la cloche et l’antilope a été produite par Les Laboratoires d’Aubervilliers.
Le travail d’Aurélien Froment est traversé par le cinéma, son imaginaire, ses formes, ses types de narrations et la mémoire collective qu’il constitue. Qu’il distribue des tracts à l’entrée des cinémas pour raconter la fin du film programmé ou qu’il transporte des spectateurs dans une voiture en leur faisant écouter la bande-son du film Duel de Steven Spielberg, c’est tout un imaginaire cinématographique qu’il convie, rejoue et réinvestit. Son œuvre, néanmoins, fait usage d’autres médiums et d’autres référents.

LETTRE À FREDDY BUACHE

De Jean-Luc Godard
Suisse, 1981, 11 min

Lettre à Freddy Buache à propos d’un court-métrage sur la ville de Lausanne.

« Cette lettre adressée à Freddy Buache a été réalisée à l'occasion du cinquième centenaire de la ville de Lausanne, ville même où Freddy Buache dirige la Cinémathèque qui possède un grand nombre de films de Godard. C'est dans le cadre de cette intimité, de ce regard commun porté sur un cinéma en perte de vitesse (il y a urgence, dit-il, le cinéma va mourir bientôt) que Godard part en quête de son sujet, d'une vérité sur la ville, sur l'image. À la recherche d'un centre, entre l'eau et le ciel, qui définirait la spécificité de Lausanne, traquant un mouvement qui ferait le lien entre ces points d'ancrage, entre ces extrêmes ("Lausanne, c'est trois plans : un plan vert, un plan bleu, et comment ça passe du vert au bleu"), il s'autorise au passage quelques approximations, ébauches, esquisses tremblées dans la contemplation d'un paysage, d'un visage pris au ralenti, dans le bruissement ténu des feuillages trempés de lumière, dans les humeurs dormantes de l'eau, le mouvement somnanbulique de la foule. Il s'autorise quelques détours par la peinture (l'écriture impressionniste) puis le documentaire, pour mieux revenir au centre, pour trouver dans le mouvement de la foule le départ de la fiction, rêver un film-parcours idéal qui irait de Robert Flaherty à Ernst Lubitsch, à qui cette lettre est dédiée. » Stéphanie Moisdon, L’Encyclopédie des nouveaux médias, Centre George Pompidou

SILBERHÖHE

De Clemens von Wedemeyer
Allemagne, 2003, 10 min

Une maison est détruite, des pierres glissent. Le cinéma transforme les marges de la ville en décor de films jamais tournés.

L'artiste allemand Clemens von Wedemeyer (né en 1974) a réalisé trois films Silberhöhe, (2003) Die Siedlung / The New Estate (2004) et Metropolis / Report from China (2006) en collaboration avec l'artiste française Maya Schweizer. Dans les films qu'ils réalisent ensemble, ils utilisent des images et des genres cinématographiques classiques pour former un cadre d'interprétation des phénomènes modernes. Dans Silberhöhe, Wedemeyer inclue des extraits sonores et visuels du film L'Éclipse de Michelangelo Antonioni afin de souligner les défaillances fondamentales du projet moderniste dont l'apothéose sera la destruction de quartiers entiers d'immeubles résidentiels dans l'ex-RDA. Die Siedlung est le complément de Silberhöhe. Ce documentaire présente en contrepoint la construction de lotissements en Allemagne de l'Est. Le dernier film s'inspire de Metropolis de Fritz Lang dont on se souvient de l'impact sur l'histoire du cinéma et sur l'architecture. Clemens von Wedemeyer s'en sert comme d'un outil critique dans sa réflexion sur les évolutions urbaines, sociales et architecturales de la Chine contemporaine

SEANCE UNIQUE

lundi 23 avril à 20h30