Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

LA LOI DU GENRE

Inglourious Basterds


de Quentin Tarantino



LA LOI DU GENRE • 2011/2012 • SECONDE GUERRE MONDIALE

USA-Allemagne, 2009, 2h33, VOSTF
avec Brad Pitt, Mélanie Laurent, Christoph Waltz, Eli Roth, Diane Kruger, Michael Fassbender

Inglourious Basterds
Sous l'occupation allemande, quelque part en Europe, le lieutenant Aldo Raine forme un groupe de soldats juifs américains, "Les bâtards", pour mener des actions punitives particulièrement sanglantes contre les nazis.


" (...) En général, dans les films de guerre américains, on parle l'anglo-américain et that's all right : s'il arrive que les nazis parlent l'allemand, celui-ci est caricatural. Inglourious Basterds, lui, se fait un principe d'honorer non pas une langue, mais trois - l'anglais, l'allemand, le français -, avec un bonus - irrésistible ! - en italien. Honorer, c'est-à-dire en valoriser les nuances phonétiques et les accents. (...) De l'action, des fusillades, le film en comporte, mais on s'y bat surtout avec des mots. La plupart des séquences sont des joutes d'esprit, à deux ou à plusieurs, autour d'une table, avec un bon verre de lait, de vin, de schnaps, de bière ou de whisky. On énumère, car le film est très gourmet, et ce jusqu'à la ­satiété. (...)
Mettre fin à l'abjection du IIIe Reich par n'importe quel moyen, tel est donc l'enjeu. Les méthodes diffèrent. La plus brutale est à coup sûr celle des fameux "Bâtards". Un groupe redoutable de soldats juifs américains menés par Brad Pitt : des mercenaires qui scalpent les nazis et leur tatouent sur le front, au couteau, une croix gammée. Primitif, sanguinaire, mais très efficace. Plus civilisée, la méthode du lieutenant britannique (Michael Fassbender), agent secret et ancien critique de cinéma (!), avec lequel on fait connaissance dans le gigantesque bureau de Churchill. Enfin, il y a la carte de la séduction : classieuse avec une actrice allemande aristocrate (Diane Kruger), qui espionne pour le compte des Alliés ; parisienne avec Shosanna, maintenant à la tête d'un cinéma. Tous ces personnages forment une parade où Tarantino exploite les archétypes des nationalités et les réinvente à sa sauce. (...) Le plaisir et le frisson du jeu, le travestissement, les références culturelles..., c'est un concentré magistral de Tarantino.
Si l'on ne se comprend pas, reste encore une langue commune : le cinéma. Pour le meilleur mais aussi parfois pour le pire, dès qu'il s'agit de propagande. Le cinéma, tout part de là : le début du film est un clin d'œil au western italien. Et le dernier chapitre se déroule dans une salle où sont réunis Hitler, Goebbels, Bormann...
Changer le cours de l'Histoire, la fiction le peut. C'est ce pouvoir formidable que ­Tarantino célèbre, en utilisant la matière même du cinéma - la pellicule nitrate, ­extrêmement inflammable - comme arme réelle de combat contre le nazisme. Antinazi mais germanophile, voilà l'ultime atout
d'Inglourious Basterds, qui cite Pabst, a été tourné à Berlin, comprend pas mal de vedettes d'outre-Rhin (Daniel Brühl, Til Schweiger) et en révèle une : Christoph Waltz, très savoureux en génie du mal, justement récompensé à Cannes. Chapeau, Quentin. Beau geste, schöner film, happy end. "
Jacques Morice, Télérama

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