Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

L'Enclos


de Armand Gatti



CINÉMA D'HIER ET AUJOURD'HUI • JANVIER-FÉVRIER 2015

France, 1961, 1h44
avec Jean Negroni, Hans Christian Blech, Herbert Wochintz
NUM • VERSION RESTAURÉE

L'Enclos
Dans un camp de concentration, en 1944, un officier nazi fait enfermer ensemble un prisonnier politique allemand condamné à mort et un juif, promettant la vie sauve à celui qui tuera l’autre… Avec une image en noir et blanc extrêmement soignée, Armand Gatti propose une vision de l’univers concentrationnaire dans un style qui rappelle son théâtre, mêlant d’une manière qui n’appartient qu’à lui réalisme, lyrisme et théâtralité. En quelques scènes représentatives, il tente, de manière stylisée, de donner l’atmosphère de la vie quotidienne d’un camp, allant de la solidarité à l’horreur. Un film unique en son genre qui passa inaperçu à l’époque à cause de l ‘émergence de la Nouvelle Vague.


"Prix Albert-Londres pour ses articles du Parisien libéré, prix Renaudot pour son roman
Le Poisson noir, auteur dramatique mis en scène par Jean Vilar, Armand Gatti signe alors son premier film. Il y parle des affres de sa jeunesse comme ses confrères de la Nouvelle Vague. Sauf que ses 18 ans, Gatti les a eus dans les camps. Résistant, arrêté, condamné à mort, puis finalement déporté, il s'est évadé avec une obsession en tête : dire l'indicible en toute liberté, ne surtout pas s'enfermer dans le mutisme. Dès 1945, il écrit des pièces estomaquantes sur son expérience concentrationnaire. Des « exercices verbaux sur des personnages inexistants ». La première d'entre elles, Le nombre ci-gît, exorcise un souvenir traumatisant qui courra dans nombre de ses pièces, comme L'Enfant rat : régulièrement, les déportés tuaient l'un des leurs pour se prouver qu'ils étaient vivants. L'Enclos tourne autour de ce même thème.(...) Etre, il ne leur reste plus que cela. Etre jusqu'à l'artifice, la théâtralité. Etre avec une hargne animale faite d'honneur et d'entêtement, comme chez Jean Genet, dont le film rappelle souvent l'oeuvre. « Je partais avec l'idée que tout ce qui n'était pas dans le cadre n'existait pas », dit aujourd'hui l'auteur. D'où cette sensation étrange de vide extérieur, comme si le monde libre n'était qu'abandon, oubli, négation. Et cette terrifiante densité intérieure, cette opacité irrespirable de l'environnement immédiat des déportés. Réduits à penser à tâtons, ils fomentent des plans de survie tortueux et insensés comme seule la terreur peut les engendrer.(...) Il désosse la subtilité abyssale de la hiérarchie dans les camps, et dévoile une société secrète, régie par les conflits de pouvoir à tous les échelons, du plus faible des détenus jusqu'à Himmler. Petites dominations, emprises mesquines : la peur de l'autre est vraiment le moteur de tout, dans cet univers que Gatti refuse de montrer d'un seul bloc. (...) Poète et résistant dans l'âme, Gatti n'impose aucune interprétation. Il plonge le spectateur dans un état de sidération et d'angoisse, d'errance et de révolte. D'une richesse infinie, ce film méconnu prouve qu'il existe une troisième voie, entre la reconstitution circonstanciée à la Polanski et le refus total de la représentation à la Lanzmann. Armand Gatti l'a défrichée en toute discrétion, en toute intégrité. En livrant son combat de toujours : tendre un miroir à ses contemporains."
Marine Landrot, Télérama


Séances

Dimanche 8/02 14:30
Lundi 9/02 20:30
Jeudi 12/02 18:30 (séance avec SME)
Dimanche 15/02 20:30
Samedi 21/02 19:00



> Ce film a une version SME et est doté d'une audiodescription.
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