Le Cinematographe
Le Cinématographe
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FILMS DU PATRIMOINE • GRANDS CLASSIQUES

La Pointe courte

d'Agnès Varda


GRANDS CLASSIQUES : BORDS DE MER • 2021-2022

France,1954, 1h29
avec Silvia Monfort, Philippe Noiret



La Pointe courte
C’est l’été à Sète dans le quartier de pêcheurs de la Pointe courte. Jules s’inquiète des fréquentations de sa fille et des contrôleurs qui pourraient bien interdire la pêche en raison d’un bacille. Un ancien du pays devenu parisien revient pour quelques jours dans ce pays qu’il affectionne toujours. Sa femme le rejoint mais alors qu’il aimerait partager avec elle la beauté des lieux, elle s’inquiète du temps qui passe et de la perte d’intensité de leur amour.

On dit qu’avec son premier film Agnès Varda a lancé la Nouvelle Vague. Entre l’étang de Thau et la Mer Méditerranée, Varda pose sa caméra dans le quartier de la Pointe courte. Il serait plus juste de dire qu’elle l’y promène tant elle furète dans les coins et recoins de ce quartier de pêcheurs. Lieux et gestes du quotidien sont exposés à l’écran, découvrant les ruelles, les petites maisons mais aussi le ravaudage des filets ou le tri des coquillages. Bien plus qu’une toile de fond la toute jeune cinéaste documente ce quartier, montre la solidarité qui unit les voisins, les cancans, les chats aussi nombreux que les habitants, l’eau qui vient lécher les arrière-cours. Les cadres sont composés avec précision et les travellings répétés renforcent cette sensation d’une visite cernant les lieux par petites touches. Des plans répétés sur le linge qui sèche et qui saisit avec éclat la lumière du soleil confirment l’œil subtil et perçant qu’Agnès Varda la photographe transpose au cinéma. Les femmes, les hommes et les enfants sont des sujets qu’elle expose avec délicatesse et tact.

Elle nous fait aussi rencontrer un jeune homme sans nom (Philippe Noiret) et sa compagne (Silvia Monfort) qui déambulent au milieu des chantiers de charpente marine et des pêcheurs à la tâche en échangeant de longs dialogues introspectifs sur l’amour. Cette absence de nom quand de tous les autres personnages répondent aux prénoms de Raphaël, Anna, Daniel…, leurs vêtements soignés, leurs paroles conceptuelles font de ce couple une quasi abstraction. A la demande de la cinéaste les deux comédiens – seuls professionnels du film puisque tous les autres rôles sont interprétés par des locaux, les Pointus – ils déclament leur texte plus qu’ils ne l’interprètent. Varda tenait en effet à ce ton hiératique évoquant la tragédie. D’ailleurs, l’oreille perçoit assez rapidement que le son a ici quelque chose d’inhabituel. Réalisé avec de très petits moyens le film est tourné en muet et post synchronisé au montage. Ainsi des comédiens méridionaux, mais à l’accent certainement moins prononcé que les Pointus, doublent les protagonistes.

C’est donc la technique qui contraint la réalisatrice à ce choix. Craignant de trahir les habitants du quartier investis avec ardeur dans le tournage, elle les crédite pour le scénario. On ressent bien l’intérêt et le respect qu’elle porte à cette vie lagunaire et aux traditions du bas Languedoc à travers de longues séquences sur les joutes provençales et le choix de hautbois traditionnels pour la musique du film. Agnès Varda qui fait preuve d’une incroyable inventivité dans son propos et dans ses choix a la chance d’être appuyée par celui qui acceptera de réaliser le montage sans salaire : Alain Resnais. Respectant le parti pris sans concession de Varda, il a tenu à garder la raideur et la lenteur du film. La cinéaste lui était profondément reconnaissante de ne pas s’être servi de son talent pour "transformer le film, l'arranger, l'adapter éventuellement à une forme plus facile, plus vive ou plus rapide".

Voir La Pointe courte c’est faire l’expérience de déplier avec délice un de ces petits bateaux en papier. De multiples facettes s’y révèlent petit à petit, souvent dans un geste bivalent : fiction/documentaire, terre/mer, nature/pollution, Sète/Paris, manuel/intellectuel… Une habitante de la Pointe dira de ce couple de "parisiens" qu’elle observe de loin avec un peu de curiosité "Ils parlent trop pour être heureux".

Séances

ANCENIS • Cinéma Éden 3
Mar 18/05/21, 20:30

BOUGUENAIS • Cinéma Le Beaulieu
Mer 27/01/21, 20:00

DIVATTE-SUR-LOIRE • Cinéma Jacques Demy
Dim 31/01/21, 17:10

LA MONTAGNE • Cinéma Le Montagnard
Mar 1/12/20, 20:30

LA TURBALLE • Cinéma Atlantic
Jeu 7/01/21, 20:45

NANTES • Cinéma Bonne Garde
Mer 4/11/20, 20:30

SAINT-ÉTIENNE-DE-MONTLUC • Montluc Cinéma
Mar 20/04/21, 20:45

SAINT-MICHEL-CHEF-CHEF • Cinéma Saint-Michel
Lun 9/11/20, 20:30

SAINTE-MARIE-SUR-MER • Cinéma Saint-Joseph
Jeu 17/12/20, 20:30

VERTOU • Ciné-Vaillant
Jeu 11/03/21, 20:00