Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Le Dernier Métro


de François Truffaut



INTÉGRALE FRANÇOIS TRUFFAUT • FÉVRIER-MARS 2016

France, 1980, 2h13
avec Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Jean Poiret
NUM


Le Dernier Métro
Dans Paris occupé la femme d’un directeur de théâtre juif, qui a dû s’enfuir, prend sa succession. Sa position est complexe... Chronique de la vie d’un théâtre autour de la création d’une pièce, tableau de l’occupation à égale distance des clichés du tout résistant et du tout collabo, microcosme où se côtoient de façon intime artistes et petites mains, ces trois niveaux s’entremêlent en permanence, sous le signe des menaces qui montent, des passions qui minent, des secrets qui planent. Un théâtre abrite et concentre le tout, unité de lieu ambiguë, entre la lumière de la scène, les circulations des coulisses et les profondeurs des sous-sols. Il est à la fois un décor et la métaphore d’un monde. Un film en trompe l'œil qui obtint dix Césars.

"Comme les bébés, les films bougent dans le ventre. Ainsi que l'a fait observer Roger Leenhardt : "On à l'idée d'un film, on en tourne un deuxième et le public en reçoit un troisième". Aujourd'hui en 1983, si je dois analyser le bon accueil fait au Dernier Métro, je pense que d'avoir nourri le scénario de détails qui m'avaient frappés dans mon enfance a donné au film une originalité de vision qu'il n'aurait pas eu s'il avait été conçu par quelqu'un de plus vieux (qui aurait vécu l'occupation en adulte) ou de plus jeune (qui serait né pendant le guerre ou après). Pour illustrer cette lapalissade par un exemple, je rappellerai que seuls les enfants observent "objectivement" un enterrement et notent, avec un intérêt bien dissimulé, ce qui ne semble pas essentiel aux yeux des adultes : les crêpes de deuil, les lettres argentées sur les couronnes, les chapeaux, les voiles, les bas noirs, les habits du dimanche. Voilà ce qu'est probablement Le Dernier Métro : le théâtre et l'Occupation vus par un enfant." François Truffaut, L'Avant Scène Cinéma, 1984

"Avec Les 400 coups, Le Dernier métro (1980) reste le plus grand succès commercial de Truffaut. C’est aussi le film de la reconnaissance définitive et le début du malentendu quant à sa place dans le paysage du cinéma français. Loin d’être le film de compromis qu’on se plaît parfois à décrire, Le Dernier métro ne comporte aucune facilité et demeure la grande réflexion truffaldienne sur le pouvoir et les limites du spectacle. L’intime est partout dans ce film qui est un rêve de studio hollywoodien, mais il est pudiquement recouvert par la perfection de la fabrication. Frédéric Bonnaud, Les Inrockuptibles

"François Truffaut souhaitait depuis longtemps faire un film sur le quotidien des Parisiens sous l'Occupation. Il voulait aussi filmer le théâtre et ses coulisses, cour et jardin de toutes les romances. Avec sa scénariste Suzanne Schiffman et Jean-Claude Grumberg, dont il avait admiré la pièce L'Atelier, il maria enfin ces deux « dossiers » au sens propre : deux chemises où il avait accumulé de la documentation ­depuis des années.
Mais, au-delà de son merveilleux sens du détail (la vie d'une troupe, le marché noir, les femmes qui, à la place des bas, hors de prix, se teintent les jambes, couture comprise...), ce « gros film » tourné en studio sous la lumière stylisée et théâtrale de Nestor Almendros reste surtout, aujourd'hui, un fascinant autoportrait déguisé de Truffaut lui-même : un homme à deux visages, autour d'une figure féminine centrale, la belle Marion Steiner (Deneuve, dure et douce, distante et proche). Il est à la fois le comédien Bernard Granger (Depardieu, enfantin et charnel), cet homme qui aime les femmes et pénètre, dès le début, dans le théâtre en draguant Arlette, la costumière. Il est aussi Lucas Steiner, le metteur en scène juif caché dans la cave (Heinz Bennent, enfantin et cérébral) qui écoute les répétitions de sa pièce par un soupirail. A la fin, Marion salue le public en donnant la main aux deux hommes, aux deux faces, donc, de François. Dans le monde du spectacle, on peut vivre à la fois avec Jules et Jim."
Guillemette Odicino, Télérama


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