Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Le Pont des Arts


de Eugène Green



RÉTROSPECTIVE EUGÈNE GREEN • MARS 2016

France, 2004, 2h06
avec Natacha Régnier, Adrien Michaux , Denis Podalydès
NUM

Le Pont des Arts
À Paris, en 1980, deux jeunes couples. Une femme qui pousse son compagnon à poursuivre ses études, un homme en admiration devant sa compagne chanteuse dans un groupe baroque….. Scrutant les visages de ses personnages, captant avec soin leurs discours bien articulés, Green ose le grand écart entre la spiritualité des accents épurés de la musique de Monteverdi et une charge au vitriol contre le milieu des institutionnels de la culture « avant la première fête de la musique ». Entre des êtres au bord de la rupture et des bouffons terrifiants et ridicules, il place sa définition du baroque , alliance des contradictions, et rend hommage au cinéma qui l’a accueilli en invitant ses frères et sœurs en cinéma, galerie muette au regard attentif…

"Chez Green, on aime toujours ce qu'on a aimé un jour, dans une autre vie, antérieure ou imaginaire. Religion que tout cela ? Pas vraiment. Plutôt une foi dans la spiritualité, exprimée de façon très concrète. Le réalisateur pourfend la suffisance autoritaire incarnée par le bouffon innommable et par un metteur en scène ridicule, hypocrite et conformiste. A n'en pas douter, Green règle ses comptes avec le milieu du théâtre et de la musique baroque, où il a longtemps souffert avant d'être sauvé par le cinéma, plus hospitalier. Il s'est trouvé une nouvelle famille, représentée par une brochette de jeunes cinéastes convoqués ici pour jouer les spectateurs (Bertrand Bonello, Jean-Charles Fitoussi, Serge Bozon, Emmanuel Finkiel...). La grâce du verbe, sa résonance dans ces vieux appartements peu meublés, dans les jardins d'automne ou les rues d'un Paris baudelairien animent cette sorte de chanson de geste médiévale. L'artifice est ici affiché - « Le masque était ma vérité », soupire un moment Sarah. Il n'empêche nullement, bien au contraire, l'humour (on rit beaucoup) ou l'émotion, notamment lorsque Pascal, réchappé in extremis de la mort grâce au magnifique Lamento della ninfa, de Monteverdi (chanté par Claire Lefilliâtre), pleure de joie. Un flux secret semble éclairer les plans, les visages, contribuant à la beauté raphaélique de Natacha Régnier, à l'exaltation d'Adrien Michaux, à la fièvre blanche d'Alexis Loret. Il y a là une sincérité, une férocité et un élan. Oui, suivre Green sur son chemin esthétique laisse entrevoir un fol espoir. Jacques Morice, Télérama, novembre 2004

"Eugène Green a toujours revendiqué ses affinités avec l'art baroque. dans Le Pont des arts , l'auteur s'attaque frontalement à son sujet, en envisageant notamment de faire tenir ensemble des vérités réputées incompatibles. La seule voie imaginables en la matière sera celle de l'art, défini ici, par le titre même, comme un pont jeté entre les rives de la réalité et de l'imaginaire, de la satire et du sublime, de la tragédie et de la farce, mais aussi bien de la vie et de la mort. Voici un film installé en permanence sur le fil du rasoir, d'un antiutilitarisme féroce, d'une subtile délicatesse et d'une drôlerie vacharde, d'une évidente modernité et d'un goût altier pour la tradition, une œuvre tout à la fois forte de ses convictions et tenue par l'utopie." Jacques Mandelbaum et Isabelle Régnier, Le Monde, le 10/11/2004

Séance

mercredi 9/03 20:30 - - lundi 14/03 18:00

> Rétrospective Eugène Green proposée à l'occasion du festival Atlantide, Les Mots du Monde à Nantes-Festival des littératures du 10 au 13 mars 2016, organisé par le lieu unique et la Cité, le Centre des Congrès de Nantes. Plus d'informations sur www.atlantide-festival.org