Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Les Nuits blanches (Le Notti Bianche)


de Luchino Visconti



RÉTROSPECTIVE LUCHINO VISCONTI • DÉCEMBRE 2015-JANVIER 2016

Italie-France, 1958, 1h37, VOSTF
avec Maria Schell, Marcello Mastroianni, Jean Marais


Les Nuits blanches (Le Notti Bianche)
Dans une ville qui pourrait être Venise, un homme erre ; il aperçoit une femme qui pleure contre la rambarde d’un pont. Il hésite mais l’aborde ; elle fuit d’abord puis lui répond, il se reverront le lendemain et elle se confiera à lui... À une période de sa vie où Visconti se consacre beaucoup au théâtre, en particulier avec plusieurs créations à Paris, il adapte, avec une grande fidélité, à l’intrigue une nouvelle de Dostoïevski autour de trois personnages, jouant sur une théâtralité feutrée teintée de romantisme. Le décor, sculpté par des éclairages soignés contribue fortement à créer une atmosphère qui touche au féerique, en particulier dans la dernière séquence sous la neige.

"Avec Sandra, Nuits blanches occupe une place à part dans la filmographie de Visconti. Bien que bénéficiant d’un casting plutôt alléchant (Marcello Mastroianni et Jean Marais en tête), ce film de 1957 tourné entre Senso et Rocco et ses frères, a été un échec public et critique cuisant. Beaucoup reprochèrent à Visconti d’avoir accompli une volte-face esthétique, d’avoir renoncé au néo-réalisme – courant auquel on le rattache à tort – pour réactiver les pouvoirs du réalisme poétique, symbole de cinéma bourgeois et esthétisant. Chez nous, Nuits blanches n’est d’abord sorti qu’en VF et les cinéphiles devront attendre le début des années 1990 pour découvrir le film en copie neuve dans sa langue d’origine. Œuvre inclassable et inconfortable qui joue sur le basculement des contraires, film méconnu et mésestimé, Nuits blanches gravite pourtant dans l’inconscient du septième Art en marquant l’imaginaire de nombreux réalisateurs. Mais n’est-ce pas tout simplement, parce que ce film, à commencer par son titre, nous parle avant tout des pouvoirs de la re-création et du cinéma ?" Nicolas Maille, Critikat

"Avec Senso (1954), mélodrame en costumes et couleurs flamboyantes, Luchino Visconti s'était pour la première fois démarqué du néoréalisme de ses débuts. Dans Nuits blanches, pourtant tourné en noir et blanc, l'Italien rompt définitivement avec le courant esthétique qui révolutionna le cinéma de l'après-Seconde Guerre mondiale. Comme un symbole, Clara Calamai, l'héroïne de son premier film, Ossessione, (dés)incarne ici une prostituée fatiguée dont le héros solitaire rejette les avances...
Le contexte social est désormais inexistant, au profit de la seule romance impossible entre un employé timide (Marcello Mastroianni) et une jeune femme romantique (Maria Schell) qui attend le retour de son bien-aimé (Jean Marais, idéalisé comme dans les films de Cocteau). Visconti a reconstitué les canaux du vieux Livourne dans les studios de Cinecittà et a incité son directeur de la photo, Giuseppe Rotunno, à entretenir, par des variations subtiles (et splendides) d'ombres et de lumières, une incertitude permanente entre le réalisme et l'onirisme. Pour recréer le brouillard, les deux hommes ont ainsi utilisé des kilomètres de tulle, comme sur une scène de théâtre. De ces moments suspendus entre réalité et artifice, banalité du quotidien et magie des rêves, naît une émotion qui va crescendo jusqu'à la déchirante scène finale, sous une neige d'illusions perdues. Même la pénible Maria Schell se révèle, pour une fois, touchante...

Samuel Douhaire, Télérama

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