Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

MEMBRES ET PARTENAIRES

Les Vies de Thérèse


de Sébastien Lifshitz



MEILLEUR DE LA QUINZAINE DES RÉALISATEURS 2016• SEPTEMBRE 2016

France, 2016, 55 min, documentaire
NUM • AVANT-PREMIÈRE

Les Vies de Thérèse
Thérèse Clerc est l’une des grandes figures du féminisme militant. Du combat pour l’avortement à l’égalité des droits entre les hommes et les femmes en passant par les luttes homosexuelles, elle a été de toutes les batailles. Elle apprend aujourd’hui qu’elle est atteinte d’une maladie incurable et décide de jeter un dernier regard tendre et lucide sur ce que fut sa vie, ses combats et ses amours.

"Post-scriptum aux Invisibles, le film que Sébastien Lifshitz avait consacré aux gays français nés et grandis avant les mouvements de libération, Les Vies de Thérèse est un film à part entière, malgré sa brièveté. Sébastien Lifshitz a filmé les derniers mois de la vie de Thérèse Clerc, militante féministe et homosexuelle, frappée d’un mal incurable.
La première séquence la montre étendue, le visage émacié, invitant le cinéaste à l’accompagner jusqu’au bout. Lifshitz accepte avec courage et délicatesse. Il sait montrer ce que Thérèse Clerc perd, jour après jour, sans jamais faire un spectacle de la dégradation de son corps, entrecoupant ces séquences d’images d’archives.
Il réunit finalement les quatre enfants de cette femme mariée plus de deux décennies avant de prendre son envol, en 1969, qui, chacun à leur tour, peignent une facette différente de leur mère, mettant ainsi la dernière touche à ce qui aurait pu être un masque mortuaire mais qui est un portrait saisissant de vie."
Thomas Sotinel, Le Monde

"«On va voir la dégradation.» Ainsi parle Thérèse Clerc, affaiblie mais décidée, allongée sur son lit de mort face à Sébastien Lifshitz. C’est elle qui lui a demandé de filmer les dernières semaines de sa vie. Féministe historique, fondatrice d’une résidence autogérée pour femmes âgées, la Maison des Babayagas, Thérèse Clerc est morte en février. Elle avait 88 ans. Le cancer l’a tuée très vite ; dans le film comme dans la vie, le temps presse. On voit un médecin parler à ses enfants dans un couloir d’hôpital parisien, leur annoncer que la dégradation sera brutale ; que les soins palliatifs sont pour bientôt.
En 2012, Sébastien Lifshitz avait déjà dressé son portrait dans
Les Invisibles, documentaire sur ces hommes et femmes qui, pendant les Trente Glorieuses, avaient choisi de vivre ouvertement leur homosexualité. Ce nouveau film du cinéaste alterne photos-souvenir de l’après-guerre sur un air de Bach ou de Beethoven, images d’archives féministes de Carole Roussopoulos et scènes du quotidien. Le robinet coule, les carottes cuisent, elle ajuste son sonotone, attache ses longs cheveux gris, souffle en sortant de la douche, épluche une clémentine et pense à la mort. «Tout m’épuise», dit-elle, abasourdie de ce corps défaillant, dont on nous montre les plis, les replis, les rides, la beauté du gras. La caméra glisse sur cette chair de vieille femme, voluptueuse et étrangement familière, qui a caressé des hommes, des femmes, et fait quatre enfants.
Témoins privilégiés des oscillations des Vies de Thérèse, Isabelle, Agnès, Jean-Marie et Vincent se confient, autour de la table familiale, sur laquelle on pratiqua autrefois des avortements. Ils racontent avoir été élevés par différentes Thérèse. Son fils aîné, Jean-Marie, a connu la femme «effacée», sage, bourgeoise et chrétienne, housewife accomplie des années 50. Puis, à l’aube de la quarantaine, elle s’éveille. Noël 68, début de l’émancipation : elle plaque son époux.
Sa fille Isabelle raconte les années 70, où tout le monde s’entassait dans «l’espace sommeil», maman qui fait pousser de l’herbe sur le balcon et relate, hilare, les dîners à la maison avec des «maoïstes, des trotskistes et des psychopathes». On évoque ses amours, elle pour qui «la sexualité est politique». On la voit papoter avec sa petite-fille. Le décalage est troublant. Thérèse Clerc dit que le lesbianisme, c’est une partie du féminisme. La jeune femme la regarde, interloquée, lui répond sans ambages - la scène est drôle : «Moi les mecs, c’est mon kif. Pas besoin d’être lesbienne pour être féministe, sinon on serait dans la merde.» La grand-mère acquiesce, vaincue mais pas convaincue. Dans la vie de Thérèse Clerc, à la fin, il y a ce regard autrefois pétillant qui divague. Il y a ce sourire de douleur, et aussi le mystère de la mort, que la caméra de Sébastien Lifshitz saisit avec douceur et gravité."
Johanna Luyssen, Libération

Séance

• dimanche 18 septembre • 21:00 • séance suivie d'une rencontre avec Sébastien Lifshitz, réalisateur.

> En partenariat avec Ciné Femmes

Bande annonce