Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

De Frédérique à Sarah


Troisième épisode



WEEK END OUT 1 • FÉVRIER 2016

de Jacques Rivette
France, 1971, 1h48
avec Jean-Pierre Léaud, Michael Lonsdale, Bernadette Lafont, Éric Rohmer, Bulle Ogier, Barbet Schroeder, Juliet Berto, Françoise Fabian, Jean-François Stévenin
NUM • VERSION RESTAURÉE

De Frédérique à Sarah
Pour étayer ses recherches, Colin a cru bon de s’adresser à un professeur, spécialiste de Balzac. Toujours muet, Colin écrit ses questions et les fait lire au professeur. Celui-ci parle fort bien de Balzac mais ne semble pas très intéressé par le groupe des Treize en tant que tel. Sur une question plus précise de Colin, le professeur déclare ne pas croire à l’existence d’un groupe analogue aujourd’hui – si tant est qu’un tel groupe ait pu exister autrefois. Colin doit donc reprendre seul ses recherches. Se tournant de nouveau vers le cryptogramme, un hasard concerté va lui en donner l’une des clés. Car si l’on se met à lire les premiers mots des vers impairs, on obtient un très court texte qui semble bien avoir quelque sens : « Deux-Place-Sainte-au port-Une », le sens, très précisément d’une adresse qui serait : 2, place Sainte-Opportune. Se rendant aussitôt à l’adresse indiquée, Colin y trouve une boutique de mode (et à la mode) : une sorte de bazar hippy à l’enseigne de L’Angle du Hasard. Il y pénètre, pour tâter le terrain et ressort, sans avoir mot dit, en laissant un court écrit ainsi conçu : « Connaissez-vous les Treize ? » Sur ce, la propriétaire du magasin, Pauline (Bulle Ogier), sort de l’arrière-boutique où elle se tenait avec un groupe d’amis et découvre le message en question. Colin, avant de sortir du magasin, a pu entendre quelques mots de ce qui se disait dans l’arrière-boutique : les amis de Pauline parlaient de fonder un journal... D’où sans doute l’idée de Colin : se faire passer pour journaliste. C’est en tout cas ce que nous soupçonnons quand nous entendons Colin (lequel ouvre la bouche pour la première fois) téléphoner à son père pour lui demander s’il lui serait possible d’obtenir une carte de presse. Thomas, lui, continue son travail sur Prométhée, dans la ligne de ce que nous avons déjà vu. Mais, pour la première fois, nous le voyons aussi chez lui, avec Béatrice. Il a le sentiment de piétiner dans son travail, et il voudrait en montrer le résultat, dans son état actuel, à quelqu’un. À Pierre ? À Étienne ? Finalement il prend le parti de téléphoner à l’Obade, à Sarah (Bernadette Lafont). Car, comme les compagnons de Balzac, nos amis d’ici ont leur Obade, sorte de point fixe autour duquel ils sont assurés de se retrouver, où ils peuvent perpétuer ou renouveler leurs liens. Dans le doute où il se trouve, c’est donc l’Obade que, tout naturellement, il appelle, et c’est là qu’il se rend chez Sarah, dans un grand chalet au bord de la mer. Thomas y mange, y couche. Il parle. Il voudrait bien ramener Sarah à Paris. Mais Sarah hésite, elle est loin de Paris, loin des gens, loin de tout. Elle a abandonné jusqu’à l’idée d’écrire, elle qui écrivit autrefois un livre (c’était un livre sur Pierre, à qui elle fut pendant longtemps très liée). Par ailleurs, nous avons revu Frédérique, dont le personnage se confirme : vivant de petites affaires louches et de vols plus ou moins adroits. Sa dernière aventure se termine plutôt mal : elle se fait casser la figure par un personnage en blouson de cuir dont la silhouette et l’allure ne nous semblent pas étrangères.

samedi 6/02 16:45