Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Dodes'ka-den (Dodesukaden)


de Akira Kurosawa



RÉTROSPECTIVE AKIRA KUROSAWA (LES ANNÉES TOHO - PARTIE 1) • MARS-AVRIL 2016

Japon, 1970, 2h20, VOSTF
avec Yoshitaka Zushi, Kin Sugai, Shinsuke Minami
NUM • VERSION RESTAURÉE

Dodes'ka-den (Dodesukaden)
"Dodes’ka-den" est l’onomatopée censée reproduire le son d’un tramway imaginaire, conduit par Rokuchan, allant et venant indéfiniment dans un bidonville à l’écart de tout, dans lequel survit une population blessée par l’existence. Certains y percevront un écho aux Bas-fonds : Akira Kurosawa affirme, de nouveau, un regard teinté d’empathie sur une population invisible, pour la première fois en couleurs.

"Akira Kurosawa aura attendu ses 60 ans pour abandonner le noir et blanc. L'artiste, venu au cinéma par la peinture, se méfiait-il des couleurs, de leurs sortilèges et de leurs mensonges ? Dans Dodes'kaden, les ciels peints en teintes éclatantes concourent à la représentation abstraite (et audacieuse) d'un réel terriblement concret : un bidonville. Un pantalon au rouge trop vif, un soleil au jaune trop profond deviennent sources de menaces. Et les couleurs quasi psychédéliques avec lesquelles un clochard imagine sa future maison sont des promesses illusoires : la réalité lui rappellera bientôt - et avec quelle cruauté ! - les symptômes de sa misère.
Dodes'kaden bouleverse, mais pas seulement à cause des malheurs qui frappent les humiliés et les offensés de ces bas-fonds. Car Kurosawa parvient à magnifier ce qui reste d'humain dans un univers de violence et de douleur : le dévouement d'un vieil artisan qui ne dénonce pas son voleur ; l'amour d'un employé moqué pour ses tics, qui défend avec courage la réputation de sa femme ; et, surtout, les rêves de Rokuchan, l'enfant idiot qui traverse les montagnes d'ordures aux commandes d'un tramway invisible. Il y croit tellement, à son tram, que les bruits de la locomotive finissent par se matérialiser sur la bande-son..." Samuel Douhaire, Télérama

"C'est la force et la rareté de ce film, de n'être ni tout à fait du côté de la représentation réaliste ni tout à fait de celui du foisonnement onirique. Film central chronologiquement dans l’œuvre de Kurosawa, il l'est aussi du point de vue de l'esthétique. Comme si le cinéaste avait fait entrer Rêves dans le décor de Chien enragé, comme s'il avait voulu greffer ces univers aux formes si opposées de la fresque réaliste et du fantastique subjectif. Non pas seulement pour les confronter, ou les mettre respectivement en valeur, mais de telle manière qu'il se nourrissent l'un l'autre, se fécondent,
s'indifférencient. Les fantômes de Kurosawa sont aussi de pauvres hères, terriblement réels, dont la souffrance accumulée a peu à peu vidé le regard ? Ce ne sont pas des apparitions, venus d'ailleurs ; ce sont plutôt des disparitions, des êtres que la réalité a consumés..." Vincent Amiel, Dodes'kaden, la mort au fond des yeux, Positif n°461/462, Juillet/Août 1999

Séances

lundi 28/03 13:30 - - jeudi 31/03 18:00 - - lundi 4/04 20:30