Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Film Socialisme


de Jean-Luc Godard



MÉDITERRANÉE • NOVEMBRE 2012

France-Suisse, 2010, 1h17
avec Christian Sinniger, Elisabeth Vitali, Patti Smith, Jean-Marc Stehlé, Nadège Beausson-Diagne

Film Socialisme
"Des choses comme ça", "Notre Europe" et "Nos humanités" sont les trois mouvements qui composent ce film. On débute en mer Méditerranée, sur un paquebot de croisière. Visions amères, diagnostics désenchantés, sentiment de solitude au milieu de cette multitude de personnes et de langues. C'est ensuite au coeur d'une famille que le film tente de retisser les liens d'unetribu, pour ensuite revisiter six lieux de vraies/fausses légendes : Egypte, Palestine, Odessa, Hellas, Naples et Barcelone. Film Socialisme est la radiographie saisissante d'une Europe actuelle fragile, où tout va vite et arrive à saturation, sombre dans son constat mais lumineux par sa lucidité.

"Dans le titre, une consonance plus une association d'idées : le socialisme non comme programme mais comme élégie. Lorsque Godard transporte sa caméra sur un paquebot pour une croisière en Méditerranée, c'est en "voyant ". Dans cette ville glissant sur l'eau, on croise une joggeuse, des fidèles assistant à une messe (?), des vacanciers se restaurant dans un brouhaha infernal. C'est donc ça, l'Europe moderne : une industrie du tourisme qui transforme la Méditerranée en centre commercial. Comme Godard reste un incorrigible romantique, il compense ce triste spectacle par des images sublimes de la mer et du pont enflammé de jaune. La guerre, ensuite, dont il retrouve des échos un peu partout. De la mutinerie d'Odessa au drame originel de la Palestine, en passant par la Grèce antique. Aujourd'hui, un autre conflit, plus insidieux, englue la famille, brouille la question des générations. C'est l'enjeu de l'action dans un garage rappelant celui de Pierrot le fou.
Godard prend acte d'une fin de l'Histoire, sans totalement perdre espoir. Même vis-à-vis de ces hordes de retraités qui débarquent aux quatre coins de l'Europe, une pointe de tendresse affleure. Tandis que les fantômes de la croisière (flic, philosophe, espion) ressassent leurs souvenirs, en arrière-plan se profile un avenir, via des enfants traînant dans les parages. Le cinéaste les regarde comme des bêtes curieuses mais les intègre sur son arche - au même titre que le lama, l'âne et les chats, lesquels semblent détenir un feu sacré que les hommes ont perdu ou n'ont peut-être jamais eu. Etre un poisson des abysses et regarder vers le haut : c'est la profondeur délivrée du langage, dont Godard a toujours rêvé. Enfin une image de paix."

Jacques Morice, Télérama


Film précédé de

Méditerranées

Film Socialisme
de Olivier Py
France, 2011, 32 min

Est-ce que notre histoire à tous n’est pas de chercher notre origine ? Olivier Py interroge la sienne, méditerranéenne, à travers des films en 8mm, tournés par ses parents du temps de leur jeunesse en Algérie, et de son enfance, de l’autre côté de la mer. Une méditation lumineuse et mélancolique sur l’histoire d’un couple, d’une famille, d’une génération marqués par la guerre. 

"Cette famille de pieds-noirs a traversé la Méditerranée lors de l'indépendance de l'Algérie et s'est installée en métropole, ce qui donne à la nature intime de ces séquences une belle universalité, retraçant en filigrane l'histoire d'une génération, sinon d'un pays et même d'une identité qui, vieille de plusieurs millénaires, est attachée à la Méditerranée, envisagée non seulement comme une donnée géographique mais aussi comme un concept. Olivier Py a écrit et assure lui-même le commentaire en voix off, tantôt empreint d'une neutralité documentaire, tantôt lyrique et laissant parler une fibre personnelle et viscérale. Le montage lui permet de se (et de nous) poser des questions purement cinématographiques sur la représentation, jamais anodine (ainsi, la première image jamais tournée par sa mère est instinctivement celle de la mer), et sur l'inscription de la petite histoire, individuelle et familiale, dans la grande."
Christophe Chauville, Bref

Séances

Mercredi 7 novembre 2012 à 20:45
Vendredi 9 novembre 2012 à 20:30
Dimanche 11 novembre 2012 à 18:30

Bande annonce