Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Général Idi Amin Dada : Autoportrait


de Barbet Schrœder



CYCLE PLEINS POUVOIRS • MARS 2012

France-Suisse, 1974, 1h32, documentaire

Général Idi Amin Dada : Autoportrait
Le principe de travail de Barbet Schrœder est simple : laisser le dictateur maître à bord du tournage. C’est en effet Amin Dada qui décide seul des endroits à visiter - à l'exception du conseil des ministres -, des lieux à montrer ; il donne même les consignes au caméraman. Il devient metteur en scène de son propre film, et par conséquent auteur involontaire de sa propre critique. Barbet Schrœder le laisse petit à petit s’enfoncer dans l’horreur de ses propos.


"Comment filmer un dictateur tout en dépassant le réquisitoire attendu ? En le prenant à son propre piège, répondait ce documentaire fameux, sous-titré, à juste titre, "Autoportrait". Le conquérant Barbet Schrœder, bien connu pour ses films au bout du monde et de l'humain, s'attaquait là à une montagne : le général Idi Amin Dada, despote criminel qui régna de 1971 à 1979 en Ouganda. En fin stratège, Schrœder a su se faire accepter et mettre le chef d'État totalement en confiance pour qu'il puisse faire son plus beau numéro d'acteur. Théâtre d'opérette, opéra-bouffe, pantalonnade, il n'est question que de ça dans ce spectacle où Amin Dada occupe seul la scène en révélant de manière paroxystique son vrai visage. C'est en affichant un large sourire que l'histrion redoutable, antisémite décomplexé, tricote son idéologie fumeuse. Il s'avère en revanche nettement plus terrorisant lors d'un conseil des ministres surréaliste où il sermonne son équipe toute penaude. Une faute, et c'est le peloton d'exécution ! On croît rêver : sommes-nous toujours dans un documentaire ou dans la fiction ? Celui qui a tout récemment inspiré une autre vision, dans Le Dernier Roi d'Écosse avec Forest Whitaker, est ici une caricature diablement vivante ayant un sens inné de la mise en scène. C'est d'ailleurs le mot-clé du film, Schrœder pointant habilement tout ce qu'il faut d'organisation (même rudimentaire) et de représentation pour faire une dictature."
Jacques Morice, Télérama

Séances

Mercredi 29 février 2012 à 20h30
Dimanche 4 mars 2012 à 16h30