Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

L'Éclipse (L'Eclisse)


de Michelangelo Antonioni



CINÉMA D'HIER ET AUJOURD'HUI • JANVIER - FÉVRIER 2016

France-Italie, 1962, 2h05, VOSTF
avec Alain Delon, Monica Vitti, Francisco Rabal
NUM • VERSION RESTAURÉE

L'Éclipse (L'Eclisse)
Une jeune femme, Vittoria, met brutalement fin à une relation matériellement confortable mais sans amour. Peu de temps après, elle est séduite par un agent de change, et tente de reprendre goût à la vie. Antonioni, après L’ Avventura et La Nuit clôt sa trilogie sur le désenchantement et l’impossibilité du couple. L’Éclipse va au-delà et fait le constat glaçant d’une société occidentale moderne, déshumanisée, consumée par le matérialisme. Idée qui atteint brillamment son paroxysme dans les dernières minutes du film.

"Pourquoi faut-il (re)voir L'Eclipse, et, donc, passer outre à sa réputation de chef-d’œuvre glacé jusqu'à l'infréquentable ? La réponse est simple : il faut le voir pour le croire. Pour croire à tant de sophistication altière et de lucidité perçante. Quelle morgue, quelle superbe et, surtout, quel éclat dans ces cent vingt-cinq minutes de pur désenchantement... Antonioni sortait de L'Avventura et de La Notte ; il avait déjà filmé la jeunesse bourgeoise en voie de pétrification, sur fond d'essor économique. Il porte le geste à la perfection en suivant la sublime Monica Vitti d'un homme à un autre, c'est-à-dire, en l'occurrence, de la solitude à la solitude.
Car si l'ancien fiancé respirait l'ennui, le nouveau soupirant, un trader (modèle 1962), appartient à un monde où les choses et l'argent ont déjà pris possession des esprits, insidieusement. La découverte de cette hideur cachée chez un garçon magnifique (Alain Delon) et enjoué, voilà qui met fin pour toujours à la possibilité de l'amour. La Bourse, loterie violente (qu'Antonioni filme, c'est vrai, avec trop d'insistance), est désormais le seul lieu où l'on pleure de vraies larmes. Le désert de l'existence s'étend à perte de vue, et L'Eclipse peut alors donner l'assaut final : ce rendez-vous où ni elle ni lui ne viennent, et où seul le regard d'Antonioni enregistre l'absence. D'autres se seraient contentés pour cela d'un plan furtif. Lui s'éternise en un cortège grandiose d'images urbaines désolées. Le film est plus romantique qu'on ne le dit, pour montrer ainsi, comme une catastrophe absolue, l'éclipse des sentiments." Louis Guichard, Télérama

- - samedi 16/01 14:30 - - dimanche 17/01 16:00 - - jeudi 21/01 18:00
- - samedi 23/01 14:30 - - dimanche 24/01 20:30