Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Le Caïman (Il Caimano)


de Nanni Moretti



ITALIE : CINÉMA POLITIQUE ET SOCIAL • MAI 2012

France-Italie, 2006, 1h52, VOSTF
avec Silvio Orlando, Margherita Buy, Daniele Rampello

Le Caïman (Il Caimano)
Bonomo, producteur de série Z en pleine débine, caricature de l’italien d’aujourd’hui, qui a voté Berlusconi, accepte sans comprendre un projet de film consacré au trouble itinéraire - politique et médiatique- qui a porté ce personnage au pouvoir.
Bonomo s’engage à fond dans le projet dont la préparation devient le sujet même de Moretti. Le Caïman met alors en scène une structure en miroir, où Bonomo et Berlusconi se confondent dans le même art du mensonge confinant à la bouffonnerie tragique et multiplie les mises en abyme qui permettent aux différents interprètes des figures de Berlusconi, à commencer par des archives de Berlusconi comme caricature de lui-même, de hanter le film de bout en bout. Cette construction trouve son apothéose dans un ultime avatar, où, lors d’une grandiose séquence de dédoublement, Moretti, devenu acteur de son film en même temps que du film dans son film, incarne Berlusconi en statue du Commandeur.
Commencé comme une farce, le film explore d’autres registres jusqu’à montrer pourquoi l’Italie produit régulièrement un pouvoir apparenté de près ou de loin au fascisme, ici une forme perverse de fascisme démocratique. Pour clore le cercle, Moretti, comme toujours, poursuit son autobiographie en montrant la difficulté qu'il y a, désormais, à tourner un film politique dans une société apeurée ou indifférente, sous hypnose idéologique.

"Nanni Moretti prend Berlusconi très au sérieux, refuse absolument d’en rire. Sa stratégie consiste au contraire à dépouiller la figure publique de sa faconde, de son cabotinage, de cette autoguignolisation qui, parce qu’elle fait rire même ses adversaires, humanise la froide mécanique de la tyrannie. En tuant le bouffon, Moretti restitue la gravité des paroles et des actes, dans une stylisation à la Orwell qui fait froid dans le dos. A caïman, caïman et demi. Lorsque Moretti tient sa proie, trouve enfin le bon angle pour la déchiqueter, il n’en fait qu’une bouchée. Le carnage est alors grandiose et magistral".
Jean-Marc Lalanne, Les Inrockuptibles

Séances

Jeudi 3 mai 2012 à 18:30
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